jeudi 7 août 2014

Les goûts et les couleurs

Je me rappel l'histoire insignifiante racontée par un de mes professeurs d'informatique qui avait tendance à parler de tout, et surtout de rien. Il nous racontait qu'un de ses amis haïssait viscéralement la couleur verte. Du coup, beaucoup de ses choix vestimentaires, décoratifs, de voitures, etc. ne contenaient jamais cette couleur. Ce sujet revenait souvent sur la table entre eux : "pourquoi détestes tu à ce point cette couleur? il y'a surement une raison à cela?!?" A force de discussion, il se projeta plusieurs années en arrière, lors de son enfance où ses parents le forçaient, à en vomir, à manger des petits pois. Un rapport? peut être, peut être pas.
Histoire anodine juste pour en venir au fait que nos croyances, goûts, choix, etc s'appuient sur des moments ou traumatismes vécus, même les plus infimes et lointains soient-ils.
D'après moi, nous ne sommes pas les décideurs de nos choix. Les psychologues pensent que le hasard n'existe pas. Je le pense également. Nous sommes le fruit de nos expériences, de notre vécu, de nos déceptions, réussites...
Mes couleurs préférées sont le bleu et le vert. J'ai un profond respect pour la nature. Ces deux couleurs y sont prédominantes. Ceci explique cela.
Mais il n'y'a pas que les couleurs. Certains lieux également m'attirent inconsciemment. J'aime beaucoup les maisons abandonnées. On m'avait demandé une idée de peinture à m'offrir pour noël, j'avais demandé une maison en ruine au milieu de nulle part. Pas très festif ni joyeux comme cadeau mais je voulais quelque chose qui me correspondait, qui correspondait à mon état d'esprit et c'est donc ce choix qui en ressortit.
Quand je croise des maisons abandonnées, je ressens l'envie d'aller la visiter, ça m'attire vraiment, mais quelque chose m'empêche de le faire, une sorte d'appréhension?! J'aime imaginer la, ou les, vie(s) qui s'y sont déroulées. Ces odeurs d'humidité, les murs en décrépitude, m'attirent. Ces états de négligence, d'oubli me correspondent peut être au point de m'attirer. Je pousse la réflexion peut être un peu loin mais d'après moi tout a une explication.
Je cherche à comprendre pourquoi cette attirance pour les maisons oubliées et pourquoi cette peur d'y entrer?!?
La première photo de ce texte est issue d'un site comportant quelques monuments en ruine. Mais pourquoi le choix de celle-ci? pourquoi en visionnant ces monuments en ruine ai-je retenu celle là?!? Le hasard n'existe pas...
Il est question d'une maison Italienne (un moulin en fait) abandonnée, au pied d'une montagne semble-t-il, à l'abri des regards car bien enfouie au fin fond d'une forêt qui d'ailleurs reprend ses droits petit à petit. Cette photo ne montre pas plus que la "carapace" extérieure du bâtiment. Difficile d'en imaginer l'intérieur... A la vue de cette photo, je ressens à nouveau cette envie d'y entrer pour la découvrir plus "intimement"...
Mon histoire doit comporter des similitudes avec ce que dégage à mes yeux cette photo.
En y réfléchissant bien, effectivement, cette maison me représente beaucoup... J'aime la solitude, j'aime le calme et de cette maison se dégage du silence, de la sérénité, voir de la sagesse, celle que l'on acquiert avec la vieillesse... Je suis également quelqu'un de discret tout comme ce bâtiment blotti dans l'ombre, dans le creux de la montage, ni vu ni connu, comme pour ne pas déranger, pour épargner du bruit qu'elle pourrait faire. Mon combat contre la dépression, qui parfois reprend un peu le dessus sur mon esprit est à l'image de la forêt qui arrive au sommet de la battisse, sommet signifiant la victoire de l'un sur l'autre, ce que j'ai vécu il y'a quelques années où l'emprise fut la plus forte. Cette photo me ramène également à une séance chez la psychologue qui apparemment cherchait la faille, l'entaille, la brèche par laquelle se faufiler pour accéder au plus profond de mon esprit et elle y arriva grâce à un sujet très délicat pour moi : mon grand père, ce père de substitution. Une fois la "cible" atteinte, et voyant ma réaction (de la tristesse profonde), elle constata que ma "carapace" était très épaisse mais une fois transpercée donnait accès à toute mon histoire, bas les masques! Tout comme cette bâtisse à l'architecture fortifiée, il faut plusieurs assauts pour pénétrer mon esprit, tenter plusieurs accès et une fois à l'intérieur, on peut tomber sur du bon comme du mauvais. Qui sait ce que nous renfermons tous?!?
Les maisons (les arbres également) représentent en psychologie la protection familiale, celle des parents. Les fissures, les faiblesses, l'équilibre instable de ce bâtiment sont à l'image du manque d’intérêt que j'ai du ressentir pendant mon enfance. Ceci expliquant l’errance que j'ai vécu à même pas 10 ans dans la grand ville où j'habitais, à barouder dans les chantiers en construction en quête d'aventure mais au risque de ma petite vie parfois, à faire des rencontre dangereuses (SDF, drogués et autres quidams en perditions), et faire les pires bêtises, jouer au feu à m'en brûler, le tout sans aucunes réprimandes, sans aucun guide réconfortant pour me tenir la main et la poser sur la bonne rampe. Les limites, les punissions synonymes de dépassement de la zone de sûreté, rassurent, nous en avons tous besoin.

Mon attirance pour les ruines, représentatives de mes états d'âmes (à la différence que me concernant, elles sont plutôt en reconstruction), cette envie (et paradoxalement cette peur) d'y accéder pour mieux connaitre les lieux, s'explique peut être par ce manque de connaissance que j'ai vis-à-vis de moi même et l'envie (la peur) de me découvrir.

Illustration issu de ce site : http://lesmoutonsenrages.fr/2013/03/28/lieux-abandonnes-de-cette-planete/

9 commentaires:

  1. Bonjour Cédric,

    C'est vrai que les demeures en ruines peuvent fasciner. Elles dégagent quelque chose de sombre et de romantique aussi; Elles sont un appel à l'imaginaire, on devine des splendeurs passées.
    Une maison en ruine, c'est aussi une maison que l'on peut réparer. Garder le vieux et le marier à du neuf,du moderne. Tout est possible, finalement.
    Mais pour cela, il faut pouvoir se projeter...
    Pas à pas.
    Tu dis avoir envie de te découvrir... Envie et peur en même temps. Je te comprends.
    Affronter son histoire, en particulier son vécu est une véritable épreuve.
    Beaucoup de voiles se sont déchirés pour moi dernièrement.
    Est ce que cela remet en question ce que je suis? Non
    Est ce que j'en souffre? oui.
    Mais c'est une souffrance nécessaire, qui me permet aussi d'avancer.
    Je te dis ça, parce que je pense que temps que tu auras peur, ce sera compliqué.
    Si tu as peur, c'est parce que tu as conscience du danger. C'est un signal.
    Mais est ce que ce danger est véritablement aussi grand? Aussi mauvais?
    Essaie de te faire confiance.
    Et cherche autour de toi des éléments de soutien, des mains qui seront là.
    Enfin n'oublie pas: de tout petits pas...Pas de gros chantiers, hein? Mais chaque jour. Chaque jour.
    Bon, j'espère n'avoir pas trop été "donneuse de leçon"
    Prends de ce que je t'écris ce qui te parle et excuse le reste. Cela part d'un bon sentiment.
    Amitiés.

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    1. Bonjour Ameline et merci pour ton commentaire

      J'ai effectivement envie de me découvrir car je me fuis depuis bien trop longtemps. A force de me méconnaître, je me trompe sur moi même et je me dévalorise alors que, sans prétention, je suis au moins pas pire qu'un autre. Je pense même avoir quelques petits plus (l’empathie entre autre, un don de la nature rare et donc précieux d'après moi).
      Mais se découvrir c'est aussi affronter son histoire. La mienne est celle d'un enfant abandonné par son père... dont je viens de retrouver les traces il y'a environ 1 an (j'ai 39 ans....). Je pensais que ce détail était insignifiant mais au contraire, c'est la base de beaucoup de chose (mon manque de confiance car pas de regard de père pour me valoriser, la fameuse main pour me guider, guider un "enfant en construction").
      Comme tu dis, c'est un mal nécessaire pour progresser et pire, j'ai pris gout à cette "souffrance" la preuve, je creuse toujours plus profond ;-)
      Merci pour tes "leçons" ;-) tout est bon à prendre d'après moi, c'est pour ça que j'ai créé ce blog, pour discuter et m'ouvrir aux divers avis, bons comme mauvais, ils me font réfléchir et j'aime ça...

      A bientot

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  2. bonjour Cédric

    Mon fils ainé est un jeune cinéaste, et pour son concours d'entrée à la Fémis, il a travaillé pendant 6 mois sur une ferme abandonnée qui existe vraiment dans le village d'origine de ses grands-parents. Il y a pénétré, l'a filmée, a trouvé des traces de vie de ses occupants, en particulier des menus de communion abandonnés là ! il a fait des recherches dans la région, a retrouvé les 4 petites filles qui avaient vécu là leur enfance et les a interviewées chacune (elles avaient 40 ans). Il a fait un dossier extraordinaire et....a réussi son concours extrêmement sélectif !

    Je pense, plutôt que de chercher à se comprendre à travers cette attirance pour les ruines, qu'il est préférable de "creuser" cette attirance : par exemple aller chercher du côté des peintures (au 19ème il y a eu beaucoup de peintures de ruines, en particulier Gaspard Friedrich, remarquable !), observer, voir, prendre des photos, rechercher, dessiner, peindre, se promener, bref exploiter d'une façon ou d'une autre ce goût que tu as, l'approfondir...
    Je pense qu'on se connaît quand on ne cherche pas à se connaître d'une façon directe. Je veux dire que les questions qu'on se pose au sujet de soi-même restent souvent stériles. Par contre quand on a le regard ouvert sur le monde on y trouve des échos surprenants...
    Bref c'est en cessant de penser à soi qu'on apprend à se connaître....En finir avec son ego, encore une fois !
    Et puis la création, artistique ou naturelle, est tellement riche et infinie !
    Et vive le moment présent...

    De bien belles vacances à toi, Cédric, ou un bel été !!
    Amitiés

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    1. Bonjour Cathou

      En effet, je pense que je me pose trop de questions. Beaucoup me le disent. Peut être même que je me pose les mauvaises questions, ou que je trouve les mauvaises réponses. On me dit souvent en effet qu'il est préférable d'avancer plutôt que de piétiner en se posant ces questions. Il faut que je sorte du contexte dépression/mal être etc pour justement aller de l'avant... Mais j'aime comprendre et réfléchir sur moi même et sur le monde.
      Je serais très curieux de voir le reportage de ton fils! si jamais il est accessible en ligne (youtube ou autre) je suis preneur!!!
      Et pour en revenir à l'art, j'ai pris des cours de dessin étant jeune, peut être que j'avais déjà cette petite ouverture d'esprit artistique mais comme souvent, je ne me sentais pas bien personnellement en groupe, en communauté, pas fait pour les relations humaines il faut croire. Je suis un loup solitaire... J'ai donc abandonné au bout d'un an et pourtant, je me débrouillais pas mal.
      Mon frère aussi à voulu se diriger vers l'art (influence du grand frère?) et a osé partir en Belgique, pays de la bande dessinée, pour faire une école réputée. Il me parle quelque fois de "jouissance artistique" qu'il peut ressentir devant un tableau. L'extase qu'on certaines personnes devant une toile ou un livre m’interpelle mais je peux la comprendre... j'aimerais maintenant la vivre... Je m'ouvre à cela...

      Les vacances sont déjà terminée pour moi mais merci!

      Bonne vacances également et à bientôt je l'espere!

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  3. Euh....Petit rectificatif : c'est pas Gaspard, c'est Caspar...

    Je profite de cette nouvelle prise de parole pour te dire que pour moi, quelqu'un qui aime les ruines a certainement une grande sensibilité. (C'est peut-être banal comme réflexion !) Les ruines, c'est le temps qui passe, certes, mais c'est aussi la conscience de la suprématie de la nature sur l'homme, la vanité de toute chose, la nostalgie bien sûr, toutes pensées qui nous ramènent à notre condition humaine...C'est aussi une grande leçon d'humilité, car quoi qu'on fasse, tout sera détruit et oublié tôt ou tard...et le souvenir des personnes ne se perpétue guère au-delà de 2 générations...Quel vertige de penser à tout cela !
    Aimer les ruines, ce n'est pas une disposition d'esprit bizarroïde ou morbide...C'est la preuve d'une grande conscience et d'une grande sensibilité.
    J'aime cette sensibilité particulière chez certaines personnes, parce que pour moi ce n'est pas de la sensiblerie...

    Et puis j'adore aussi ces 2 couleurs que sont le vert et le bleu ! Je rentre d'une région montagneuse, avec paturages, cascades, lacs, forêts.....J'adore !

    Au revoir, Cédric, et cultive bien méditation et action, plutôt que questions ! :-)

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    1. Encore toi!!! ;-)

      En fait, fièrement, je m'interdis de pleurer (ouais je sais c'est suuuuper bête) mais je suis malgré tout quelqu'un de très sensible. Tout me touche (trop même). J'ai parfois tendance à me "blinder" mais ma nature reste la même. J'essaye désormais de cultiver cette sensibilité pour écrire sur ce blog par exemple. J'aimerais me lancer dans un livre sans prétention, un livre dessiné (un peu comme celui de Olivia DAGIMONT http://bds.oliviaaparis.com/)

      A suivre...

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  4. Merci pour tes réponses !
    Je crois que ta sensibilité plaît à beaucoup de personnes, en ce qui me concerne c'est Claire qui m'avait conseillé ton blog, qu'elle appréciait beaucoup !
    Je ne veux pas dire qu'il ne soit pas bon de s'étudier ou de réfléchir sur soi-même, bien au contraire ! Mais parfois on tourne en rond, alors il faut s'arrêter, car le "cinéma mental" nous guette, c'est-à-dire toutes les idées plus ou moins vraies qu'on se formule sans relâche au sujet de nous-mêmes et qui ne nous mènent à rien....
    Pour finir, je pense à une citation de Maître Dogen qui dit à peu près ceci :
    "Se connaître soi-même c'est s'étudier soi-même, s'étudier soi-même c'est s'oublier soi-même, s'oublier soi-même c'est connaître les 1000 êtres....."
    C'est ce que dit Christophe André quand il dit qu'il faut se connaître dans un 1er temps, pour mieux s'oublier ensuite !

    Bon, on a encore du boulot, toi comme moi je suppose !

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  5. Ben voilà... Cathou a révélé que j'appréciais quand des personnes exprimaient leur sensibilité au monde ... et leurs émotions... surtout quand il s'agit de la gente masculine... c'est d'ailleurs pour ça que je trainais mes guêtres sur le blog de CA.

    J'adore aussi le vert et le bleu mais il est une couleur dont j'ai un besoin viscéral dans mon environnement, c'est le jaune. J'ai tjs un point jaune-orangé quelque part dans ma déco! Là où je vis maintenant, j'ai la chance d'avoir un loriot qui vient nicher et de temps en temps, je vois un point jaune voler dans la verdure. Ça suffit à me rendre toute "gaite" pour la journée.

    A une prochaine et bonne rentrée à tous!

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    1. Bonjour Claire

      Cela me fait plaisir d'apprendre que mon blog vous intéresse. J'ai toujours eu très peu d'estime et de confiance en moi alors le fait que l'on me lise, mieux, que l'ont m'écrive me touche énormément.

      J'ai toujours nié, négligé mes émotions alors qu'elles sont une source d'inspiration, de réflexion, d'amour, d'ouverture aux autres etc...

      Moi, ce n'est pas un oiseau qui habite mon jardin mais un hérisson. Je le guette les soirs où il m'arrive de me coucher tard. Pas aussi joli qu'un oiseau mais amusant de le voir se mettre en boule dès qu'il sent que je m'approche. Le fait qu'il reste dans mon jardin me fait dire qu'il s'y sent bien et cela me procure un peu de bonheur.

      A bientôt, la rentrée approche... trois enfants pour moi!

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