jeudi 4 décembre 2014

Prendre le temps

Le monde moderne, ou plutôt notre façon de le vivre, ne nous permet plus de prendre le temps. Tous les matins, je pressais mes enfants en leur disant "dépêchez vous, on est encore en retard!", "pas encore finit ton petit dej'? on doit aller à l'école!" ou "trente secondes pour mettre tes chaussures?!? mais qu'est ce que tu fabriques!!!". J'essaye désormais de ne plus leur mettre la pression dans ma façon de leur parler mais malgré tout le fond du problème est toujours bien présent.
Il y'a beaucoup de choses que j'aimerai faire mais une fois ma journée de travail effectuée, le temps de trajet accompli, de retour à la maison, il faut s'occuper des devoirs, des animaux, des tâches quotidiennes (ménage, rangement, paperasse etc.).
Les tâches s'accumulent à la manière des patients au service des urgences... Comment gèrent-ils donc leurs files d'attentes? simplement en priorisant par degré d'importance.
J'essaye donc désormais de gérer mon temps en sous pesant l'importance de la tâche à accomplir, en fonction de sa valeur. Il faut prioriser certaines activités par rapport à d'autres, faire le tri entre les tâches réellement utiles, importantes, voir nécessaires, et celles que l'on peut laisser traîner quelques heures/jours de plus.
Je suis un maniac du rangement, je ne supporte pas le bazar (mais je m'arrange avec le temps et les enfants sont une bonne source d'apprentissage dans l'acceptation du désordre!) et si je devais suivre mon instinct, je serais continuellement en train de ranger ce qui serait aussitôt dérangé par mes enfants! inutile donc, perte de temps car ranger une fois par jour revient au même que ranger une fois par semaine. Idem pour le passage de l'aspirateur, si je devais le sortir à chaque miettes trouvées par terre j'y passerai ma vie.
De plus, la notion de tache importante est très subjective. Pour certain, méditer ou courir et un art de vivre, pour moi c'est plus une thérapie. Si je me sens bien, cela se ressentira et se transmettra à mes proches. Si cela est positifs pour eux, ce sera donc positif pour moi... la boucle est bouclée!
Malgré la foultitude de choses à accomplir, il y'a toujours moyen de prendre du temps pour soi. Il ne faut pas attendre que le temps se libère, il faut le prendre ou l'organiser différemment. La preuve en est que malgré le travail qui m'incombe depuis mes nouvelles fonctions, je prends le temps d'écrire sur ce blog. Cela me fait du bien, si je me sens bien, je travaillerais mieux... CQFD!
On passe notre temps dans le futur (à prévoir les choses à accomplir) ou dans le passé (à penser à ce qu'on a mal fait) alors qu'il faut juste apprendre à vivre le temps présent et le sentir s'écouler tout doucement.
Parfois je me surprends à marcher rapidement. Quand c'est le cas, je ralentis simplement mon pas. Ce simple fait suffit à ralentir les secondes, puis les minutes et cela créé du temps pour penser, profiter du paysage.... J'ai souvent lu que le corps influençait l'esprit et que le simple fait de maintenir un sourire permettait de se sentir plus joyeux, ralentir son pas permet donc surement de mieux sentir le temps passer.
Vivre son temps et temporiser sa vie voilà ma recette.

Illustration : la distorsion du temps imposé par le monde moderne!

11 commentaires:

  1. Oui, Cédric, à l'heure actuelle, de plus en plus de personnes te rejoignent dans ta volonté de ralentir la vie pour mieux vivre, tout simplement. J'en vois autour de moi : c'est une amie qui me disait qu'au cours de ses journées infernales, où elle a plus de 200 mails professionnels à gérer par jour, elle a pris l'autre jour un instant pour tout arrêter...et n'en a été que plus performante ensuite. C'est aussi mon beau-frère, orthodontiste, qui se donne une pause "méditative" tous les 5 patients environ, car ces derniers temps il frôlait la surchauffe et la dépression...
    Je crois, comme l'explique Christophe André, que notre société toujours plus exigeante urgente et pleine de sollicitations nous incite à développer des méthodes pour ralentir et donner du sens à nos vies, tout en préservant notre santé. c'est devenu presque une question de survie...
    J'aime quand tu rappelles que le corps influence l'esprit : il n'y a rien de plus vrai ! En yoga quand nous travaillons une posture d'équilibre ou de solidité, d'ancrage, j'insiste toujours beaucoup sur le fait que nous faisons cela pour acquérir davantage de solidité ou d'équilibre dans notre vie...Je prends soin de lier le plus possible l'aspect physique et psychologique : d'abord cela motive beaucoup les élèves (car ils viennent là pour des soucis de stress plus que pour être souple, et ils ont raison !), ensuite parce que c'est vrai !
    Je leur rappelle toujours le but du yoga (tel qu'il est défini dans les textes, ce n'est pas moi qui l'invente): calmer le mental....
    J'espère, Cédric, que cette petite parenthèse au sujet du yoga qui est mon dada, ne nous éloigne pas trop de ton propos...Si c'était le cas, excuse moi !
    Bonne journée à toi et aux tiens !

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    1. Hello Cath'

      En fait, c'est en voyant le (nouveau) rythme de travail que j'ai désormais que j'ai eu envi d'écrire ce billet. Plus de 100 mails par jour, 20 appels téléphoniques, des interruptions dans mon travail en permanence, du bruit (open space) etc... j'ai déjà exprimé à mon boss mon refus devant cette surcharge, il devra accepter... je sais trop à quel point ça détruit une personne ce rythme de fou...
      Mais maintenant, les sonnettes d'alarme retentissent avant qu'il ne soit trop tard. J'écoute désormais mon corps...
      Et concernant le Yoga (Iyengar), j'en ai fait, j'ai beaucoup aimé, mais mon "vieille" âge (bientôt 40) à solidifié ma souplesse... Trop de souffrance pour peu de bien être. Mais belle expérience malgré tout.

      A bientot.

      Ced.

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  2. Moi , j'ai toujours été lente , depuis mon enfance je suis lente et rêveuse ............
    Et longtemps j'ai cru devoir combattre cela puisque cela m'était reprochée ................
    Mais depuis quelques années je cultive ma lenteur sans aucune honte ...............
    Je recherche la lenteur infinie , et , apparent paradoxe , la lenteur me permet aussi d'aller plus vite physiquement .... Par exemple , j'adore marcher et je peux marcher très longtemps .... A une époque de ma vie je marchais 50 kilomètres par jour .... Et , plus je suis lente intérieurement , plus je peux marcher vite , vite mais lentement en fait , c'est à dire que je vis chacun de mes pas .... Je suis chacun de mes pas ..... Je ne pose jamais mon pied au hasard ..... Je m'efforce de sentir le sol sous chacun de mes pas ..... Cela c'est la lenteur intérieure , et en fait cela me permet de marcher très vite sans effort pendant des heures ...... Bien sûr ce n'est possible qu'avec la respiration , la respiration c'est aussi ma lenteur intérieure ... Elle est l'axe de ma marche , et cela me permet de marcher très vite mais sans aucune précipitation ...... En fait je marche avec les hanches .... C'est un mouvement sphérique , très intériorisé que je ressens infiniment lent et qui me permet de marcher très vite ................... Voila , donc le paradoxe n'est qu'apparent . Maintenant mon axe est la lenteur et je l'accepte parce que je suis naturellement très lente , et en fait ma lenteur m'aide en toute chose .... Alors aujourd'hui je recherche la lenteur infinie , mais c'est plus difficile à expliquer ....

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    1. Hello Stephanie! bienvenu sur mon blog, ça doit être la première fois! merci de prendre ce temps!

      Je comprends ce paradoxe entre lenteur et rapidité : quand on vit au ralentit, on emmagasine les mêmes informations sur une période plus courte. Ce qui revient à en emmagasiner plus sur une même période (là je crois que je suis claire qu'avec moi même ;-)
      Je me rappel d'une expérience avec mon beau frère, passionné de voiture. Il veut m'emmener faire un tour de son bolide (sincèrement ultra puissant, trop même). A chaque accélération, comme il me l'explique, l'adrénaline qui lui monte au cerveau le ralentit et ralentit donc le temps lui permettant ainsi de voir les choses au ralentit et donc de réagir plus rapidement. Accélération de la voiture, ralentissement du cerveau, réaction accélérée. CQFD. Moi à côté, j'ai vu les choses passer à la vitesse de la lumière... et pourtant, c'était la même période...

      A bientôt.

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  3. Pour tenter d'expliquer ce que je nomme la lenteur infinie : Je recherche ma respiration océane : Une respiration semblable à l'océan , une respiration sphérique et profonde et très lente , mais qui doit m'apparaître sans forcer ..... Lorsque j'y arrive alors je m'approche un peu plus de ma lenteur infinie ............

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  4. Tas Dam , je vois que tu as adopté le symbole Taoïste et cela rejoint les conceptions Taoïstes je pense ..... Cette complémentarité des "contraires" ....... Par exemple : Moi , je suis très agressive pour des raisons que je ne t'expliquerai pas qui sont liées à ma vie , Et j'ai fait le rêve suivant : Un homme genre méchant veut m'attaquer .... Alors je sors mon couteau de ma poche pour me défendre .... Je l'attaque avec mon couteau ..... Alors lui il fait des gestes très lents , très doux , et il évite tous mes coups de couteau avec aisance , sans effort ..... Il ne cherche pas à me désarmer du tout ........... Et Là , il se transforme et devient un Grand Maître en arts martiaux .... Et il me regarde et me dit : "Tu n'as pas besoin de ton couteau pour te défendre" ...................................
    Ce rêve s'est inscrit en moi comme une leçon inoubliable : La plus grande lenteur , la plus grande douceur produisent la plus grande force .... Sans haine et sans violence ......................... Pour moi ce rêve fut une grande délivrance et un grand progrès .......................................

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  5. Re-bonjour Cédric, j'ai pensé à toi hier à la bibliothèque, quand je suis tombée sur un article du dernier "psychologie magazine" de décembre, écrit par une psy du nom de Mme Prieur je crois, au sujet des parents qui s'excusent auprès de leurs enfants. Cela m'a rappelé cet échange qu'on avait eu, au cours duquel j'ai tenté avec beaucoup de confusion et de maladresse de dire mes réserves.
    Je trouve que la psy exprime tout ça très bien, comme j'aurais aimé le dire, mais 1000 fois mieux ! (normal, c'est son métier !) et j'ai pensé que ça pouvait t'intéresser si tu as l'occasion de le lire....
    Bonne journée !

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    1. Hello Cath

      J'ai l'impression que tu t'en veux pour cet échange, il ne faut pas. Tous nos échanges construisent ma réflexion. J’espère même que nous auront d'autres désaccord.

      A bientôt pour un autre différend ;-)

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    2. Merci pour ta sympathie, Cédric
      Je m'en veux peut-être un peu, c'est possible, mais je trouve aussi comme toi que poursuivre la réflexion est intéressant...En fait je crois qu'il y a un mélange des deux ! :-)
      Bon, je n'irai pas jusqu'à te dire "à bientôt pour un autre différend" mais à bientôt, ça c'est presque sûr ! Bon WE

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  6. Lorsque j’étais enfant on m’appelait la tortue ou l’escargot.

    La lenteur me caractérisait.

    J’étais toujours un peu dans la lune et à la traine, mais il me semble que je me sentais bien et ma place.

    Aujourd’hui les choses ont bien changés, je fais plein de choses avec beaucoup plus de rapidité que de nombreuses autres personnes, je pense avoir l’esprit vif et j’ai d’excellents reflexes mais à quel prix ?

    Je me sens souvent stressé, parfois impatient,

    Je suis sans cesse dans l’action et j’ai pas mal de difficultés à poser mon corps et encore plus mon esprit.

    J’aimerai parfois ralentir le rythme et mes pensées, prendre le temps et tout simplement apprécier.

    Tout cela paraît facile à faire et pourtant bizarrement, j’ai du mal à ralentir malgré la fatigue.

    Merci pour ce billet Cédric, qui va me faire encore réfléchir sur la nécessité de prendre le temps.


    Yannick.

    PS: bravo pour la cabane du précédent billet.

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    1. Bonjour Yannick

      Même si je "donne des leçons" dans ce billet pour apprendre à gérer son temps, je suis comme toi : dans chacune de mes activités, je pense déjà à la suivante. Malgré le temps que je m'offre en méditant, je suis malgré tout parfois pressé de finir la séance car d'autres taches m'attendent. Alors, quand je ressens cette pression du temps, j'essaye juste de m'en rendre compte pour volontairement le ralentir. Quand j'entends désormais quelqu'un dire "j'ai pas le temps" je ne peux m’empêcher de lui répondre que "le temps, ça se prend"...

      Cela me parait nécessaire pour freiner le rythme de vie moderne et mieux le vivre...

      Au plaisir de te lire... Cedric

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