vendredi 30 décembre 2016

La boite de Pandore

Le corps est bien fait, il possède son armée d'anticorps pour se défendre des agressions extérieures, bactéries, virus ou autres infections. A la moindre brèche surgissent ses petits soldats prêt à donner leurs vies pour sauver leur hôte. Suite à cela les ouvriers viennent reconstruire sur les ruines. Mais l'esprit a aussi ses méthodes de protections et de défenses. Il détient un endroit bien enfoui, parfois même inconnu de celui qui l’héberge. Une sorte de coffre bien hermétique où il entasse les vieux dossiers classés sans suites. Du moins jusqu'à ce que quelqu'un mette la main dessus...
Je me rappel d'une séance chez la psychologue. Mon terrain faible est mon enfance et plus précisément mon grand père, substitu de mon père. Sa disparation fut donc pour moi très douloureuse, expliquant pourquoi je n'en parle jamais, pourquoi je vais que très (trop) rarement sur sa tombe. Le but de la psychologie est de déterrer les souvenirs difficiles à revivre pour justement en parler et éteindre les feux qu'ils provoquent. La psy avait donc décidé d'en faire son objectif du jour : parler de cet évènement douloureux.
Première abordage : "bon, parlez moi de votre grand père". Je ressens le cadenas de ma boite de pandore se verrouiller d'un tour de clé supplémentaire. Je réponds donc négativement "non, je préfère pas". Évidement, elle ne se laisse pas décourager, c'est son job : "il s'occupait de vous c'est ça?". Premiers souvenirs qui remontent à la surface et déjà premières fissures du coffre pourtant fabriqué dans un alliage très résistant, du moins ayant résisté à la persévérance du temps. Je ne sais déjà plus quoi répondre, gorge serrée, je suis déjà en difficulté! Gros silence... puis "non j'ai vraiment pas envie" le tout ponctué de larmes naissantes. Je suis perdu, elle a trouvé la clé, celle que je cache tous les jours dans un endroit différent. On finit donc par aborder le sujet car c'est dans ces moments de tristesses que les paroles sont les plus pures, dénuées de mensonges, en provenance direct du cœur, plus aucun filtres...
Chaque serrure a sa clé. Elles sont faite sur mesure en fonction du contenu.Certaines permettent un accès complet, d'autres juste à une petite boite rangée dans un coin.Visiblement la mienne n'est pas très sophistiquée, facile à dupliquer et donne accès à tout. Ou alors j'avais laissé volontairement une entre-ouverture pour faciliter l'accès, je venais à cette séance pour cela après tout.
Les mécanismes de l'esprit sont puissants. On oublie pas vraiment les souvenirs douloureux mais on les occulte au point d'en minimiser leurs impacts. Je pense malgré tout que la contenance de ce coffre n'est pas sans limite, et elle varie en fonction des individus. D'où le principe de la goutte d'eau qui fait qu'un individu va craquer pour une broutille, trop plein à en exploser. Une fois de plus, les principes de pensées positives (méditation, acceptation etc.) permettent d'ouvrir la soupape pour libérer petit à petit le poison contenu dans la marmite. Ainsi on pourra le digérer et le tout sans brulure d'estomac...

Illustration : pour les fans de Zelda, bouclier de Link. Ultra solide (ouais j'suis un geek!)... moi qui pensais être protégé...

jeudi 9 juin 2016

Les mauvais raccourcis

Petite altercation entre mon fils et son instituteur. L’un (l’instituteur) se plaint d’insolence, l’autre (mon fils) d’avoir été pris par la gorge ( ?!!?). Le respect est d’après moi une règle de base prioritaire, mon fils doit le respect à son instituteur… mais cette règle doit s’appliquer dans les deux sens. Cette personne est malheureusement connue pour sa vulgarité et ses excès de violence (coups de pieds aux fesses des élèves, « pince du crabe » comme les enfants appellent sa technique de pincement derrière le cou, et donc pire encore : l’étranglement, témoignages des enfants ET des parents). Petite parenthèse sur le fait que les élèves l’adorent (syndrome de Stockholm ?). Bref, bien qu’il soit connu pour son éducation à l’ancienne et qu’aucun parent n’aie jamais porté plainte contre lui, de mon côté je ne tolère pas ce genre de geste choquant de la part d’un adulte vis-à-vis d’un enfant, encore moins le mien ce qui de plus banalise ce geste d’agression.
Pris de colère un matin, en amenant mon fils à l’école j’arrive devant ledit instituteur que j’interpelle pour une petite explication. Par je ne sais quelle pulsion de colère je le prends à la gorge en lui demandant si il était vrai qu’il avait appliqué ce même geste sur mon enfant. Paralysé par la surprise, il n’eut aucun geste défensif. Il se justifie en me disant qu’il était question de manque de respect ne niant donc pas son acte. J’avais ma réponse, inutile d’aller plus loin. Je clos le débat en relâchant mon étreinte et en lui disant que je le surveillais désormais et que cela ne devait plus se reproduire. Evidemment, je ne donne pas raison à mon fils à qui je fais la leçon devant son professeur concernant son comportement. Mais faire appliquer l’ordre par la violence ne me parait pas judicieux.
Je me doute que ceux qui me lisent se diront que mes écrits sont étranges, combattre la violence par la violence n’est pas très morale, surtout de la part de quelqu’un qui prône le respect, le calme, qui cherche à éviter ce poison qu’est la colère… mais j'ai faillit à ma ligne de conduite, la colère m'a submergée, c'est rare mais ça m'a permit de découvrir que mes limites n'étaient pas celles que je pensais... La violence est d’après moi le mode de communication des faibles, de ceux qui ne savent pas se faire entendre, comprendre ou respecter par le simple dialogue. Bien évidement je regrette cet épisode, j'aurais du privilégier le dialogue et m'entretenir en tête à tête (les autres enfants commençaient à s'attrouper autour de nous, ils sentaient venir le début d'un spectacle!! mais le réflexe animal ne fait pas de détail et tranche dans le vif)  mais je ne peux pas nier ce que j’ai ressenti pendant cet événement : une toute puissance (malsaine), imposer en un quart de seconde sa volonté par la violence est malgré tout jouissif. Bien sur je ne cautionne pas ce mode de communication primitif, qui d’après moi est enfoui en nous depuis la nuit des temps, mais je peux comprendre les simples d’esprits qui ont recours à cette méthode systématiquement. C’est un raccourci de communication nuisible mais qui donne un résultat immédiat (mais bien évidement pas pérenne), parfait pour les gens pressés qui n’ont pas le temps d’amener les choses par les mots, ou qui ne sont tout simplement pas doués de diplomatie.
J'hésite même à afficher ce texte sur mon blog tellement je ne me reconnais pas dans ces écrits mais c'est un fait, parfois on sort de ses gonds guidé par je ne sais quel acte de pseudo justice maladroite. A ne pas refaire, j'ai honte...

lundi 8 février 2016

Les leviers

Il y’a quelques semaines, j’ai assisté à une formation de management de projet. Le but de cette formation était donc de nous donner les clés de la réussite dans le domaine de la gestion d’un projet quelconque. Au fil de cette formation, un terme revenait souvent : les leviers. Le triangle QCD est la relation qui existe, dans un projet, entre la qualité, le coût et le délai. Il est impératif d’obtenir un équilibre, le plus parfait possible, entre ces trois éléments autrement une quatrième dimension, le risque, peut faire son apparition.
J’ai remarqué, dans mon existence personnelle et avec les maux que je cherche à combattre, qu’il était possible de transposer cette logique de gestion à ma vie personnelle. Les angoisses que j’ai pu vivre me prouvent une chose : que j’ai des carences en gestion du stress et en confiance en moi, que je n’ai pas eu les clés (génétiquement ou « éducativement ») pour surmonter ces manques. Il semblerait donc qu’une angoisse me soit difficile à combattre.
Au fil de mon cheminement, j’ai instinctivement fait une chose, j’ai atténué l’intensité de mes craintes (peur de l’abandon, peur de l’inconnu, manque de confiance et surement bien d’autres). J’ai donc activé un levier : celui qui gère l’intensité de mes craintes en réécrivant sa définition. Puisque je ne suis pas équipé pour combattre mes angoisses, je dois donc les atténuer, revoir leurs définitions pour amoindrir leurs intensités. Je ne sais pas agir sur mes défenses alors j’agis sur les attaques (que je génère moi-même c’est ça aussi le comble !!!).Concernant mon manque de confiance, je doute toujours d’être un bon père pour mes enfants, alors j’essaye de me convaincre que je fais de mon mieux. De la sorte, c’est bête à dire mais même si à mes yeux le résultat est moyennement satisfaisant, malgré tout, j’ai tout fait pour ne pas que cela soit pire (le résultat ne peut donc pas m’être reproché j’ai « tout donné » ! je ne sais pas faire mieux). Puisque je ne peux atteindre un objectif, je l’ai revu à la baisse. A chaque fois j’agis sur un levier pour compenser un manque, une difficulté… Dernier exemple, mon travail. J’ai peur de le perdre car j’ai peur de ce qui en résultera (perte de la maison notamment). Pour ne plus avoir peur de cela, je me suis armé de connaissance, de valeur, en suivant des formations notamment. Ainsi, si je perds mon travail, j’augmente mes chances d’en trouver un autre. J’ai donc activé le levier de la compétence pour compenser une crainte.

Tous ces agissements semblent fonctionner réellement. Certaines de mes craintes ne me touchent plus ou beaucoup moins et cela amène un apaisement. Quand le triangle QCD penche d’un côté plutôt qu’un autre, quand il ne tient plus en équilibre sur son centre de gravité, cela nous plonge  dans cette quatrième dimension qui est le risque, celui du mal être, celui que j’ai vécu un paquet d’année… Heureusement, il n’est jamais trop tard pour agir.

mardi 19 janvier 2016

Impermanence

En écoutant une émission de radio orientée  psychologie et philosophie, j'ai découvert un mot, un simple mot. Ce genre de mot qui peut changer beaucoup de chose à sa façon de penser et même d'être. Ce simple mot m'a appris que rien ne dure, les émotions, les états (mentales et physiques). Cela ne s'applique pas qu'à soi mais aussi au monde entier. Rien n'est figé, gravé, tout peut changer et tout changera de toute manière. "J'ai été et je serais" et non "celui que j'étais sera", cela peut se résumer de la sorte.
Ce mot permet de se relever d'une maladie. Mon état dépressif n'est pas définitif, il évolue et peut se transformer, évoluer vers le mieux et l'ouverture d'esprit, ce que je souhaite, ce vers quoi je tente d'aller. Mon état de départ n'est pas mon terminus, bien au contraire, il est mon point de départ.
Ce mot permet également de rebondir suite à un échec car tout échec ne sera pas suivi d'un autre. Grace à cet état d'esprit, il est possible de se dire que l'objectif fixé n'est peut être pas à notre portée parce que pas notre spécialité (je suis persuadé que chacun d'entre nous possède un don, le plus difficile étant de trouver lequel!). Cette émotion de déception ne sera donc pas pérenne, puisque l'erreur ne m’incombe pas, et suivra forcement d'un moment de gloire (la définition de gloire n'étant pas la même pour tous, inutile de viser trop haut!), impossible de croire ou penser que sur toute une vie, il n'y'aura aucun moment de bonheur!
On ne se trouve jamais à la hauteur de nos souhaits, trop gros ou trop moche, mais cet état physique n'est pas figé, tout peu changer. Il est possible de se plaire soit en l'état (en revoyant à la baisse ses critères) ou alors en se prenant en main pour correspondre à ce à quoi nous souhaitons ressembler ou être.
Les états mentaux ou physiques ont la faculté d'être modifiables à souhait. L'impermanence prend toute son sens dans ce contexte. La dépression est d'après moi un rejet, celui de l'esprit face à son état, face aux valeurs choisies (ou plutôt celles imposées par notre éducation, nos fréquentations, lecture ou émissions tv) à appliquer à sa vie, un comportement en inadéquation avec ses convictions etc. Tout cela peut donc changer, il faut juste ouvrir les yeux, faire un bilan et préparer un plan d'attaque, une introspection profonde permettant d'être en phase avec soi.
Cette quête est lente mais d'un intérêt profond tout autant que le trou que l'on devra creuser pour accéder aux réponses de valeurs. A chaque coup de pioche plus profond, les émotions seront plus cinglantes et puissantes.
Tout cela pour dire que tout mal être, toute tristesse, tout état de détresse etc. n'est n'est pas définitif. Mais malheureusement, cela s'applique aussi au bonheur, à la vie, et la sérénité, au bien être... Rien n'est acquis, tout s'entretient et tout nécessite une remise en question permanente... L'erreur n'étant pas tatoué à nos neurones, mais juste un signal de détresse à décoder.