lundi 27 janvier 2014

Détachement

Le cheminement que je mène désormais, depuis ce petit allé-retour en enfer qu'est la dépression, m'oriente inconsciemment vers une forme de détachement. De mon point de vue, le détachement est une délivrance vis-a-vis de ces modes de pensées automatiques que l'on nous inculque depuis la naissance et que l'on entretient tout au long de notre vie par l'intermédiaire des médias, de l'éducation...
Ce que je constate est que le détachement créé la liberté, la liberté d'être ce que l'on est réellement face aux autres mais aussi face à soi. La liberté de dire sans honte ce que l'on pense, ce que l'on veut. Parfois cela choque mais aussi crée l'authenticité. Cette liberté d'être est ce à quoi j'aspire désormais.
J'ai toujours été trop attaché à la satisfaction de mes responsables dans mon travail, à ce que pensent les autres de moi, l'image que je dois dégager face aux autres. Tout cela créé au final un "non-être", un acteur de mauvaise série, un personnage sans saveur, pire, parfois un hypocrite, prêt à dire ce que les autres veulent entendre dans le plus grand désaccord avec moi même...
On s'efforce de plaire à nos parents, nos amis, nos collègues. Mais quand ceux ci sont défaillants, et c'est souvent le cas, on vise une cible mouvante, un devoir de plaire qui change tout le temps. A peine la cible est atteinte, de plus avec difficulté, qu'elle n'est déjà plus la même. On ne choisit pas son entourage, on nous l'impose par le biais des rencontres que l'on fait et non par affinité. Il est donc difficile de plaire à tout le monde.
Plaire à ma mère était, d'après moi, une obligation liée à ce qui nous uni, un devoir de respect imposé. Mais finalement, malgré son "grade" de matriarche, elle peut, comme le plus inconnu des quidams, être défaillante. Son regard sur moi et la valeur qu'elle me porte et qui me construit peut donc l'être aussi. Grandir à travers son regard risque donc de me porter préjudice. Se détacher de ce devoir de plaire à ses parents à tout prix permet parfois de se préserver d'une "malformation émotionnelle".
Ne plus chercher à plaire sans pour autant déplaire. La juste frontière est infime et difficile à atteindre.
Le fait de ne plus évoluer à travers le regard de l'autre mais à travers sa propre satisfaction créé une forme de liberté, d'indépendance, que je commence à ressentir et à apprécier. Ce plaisir d'être sans contrainte me soulage en quelque sorte, je le sens, je suis moins nerveux, moins tendu physiquement. Ce qui prouve à nouveau le lien corps et esprit.
Se détacher aussi des fausses croyances comme celle qui me fait croire que si je perds mon travail, je n'en retrouverai pas un autre. Si tel était le cas, je n'aurai pas trouver ce travail. J'ai été capable de m'insérer dans un groupe, d'être accepté, de me faire de nouveaux collègues et amis, ce parcours peut donc se reproduire à nouveau. Mon avenir professionnel est devenu incertain et a tendance à m'angoisser mais petit à petit je me détache de cette étreinte et m'imagine déjà ailleurs. Une sorte d'entrainement de l'esprit...
Se détacher enfin de tous ces biens matériels. Le confort matériel et pécuniaire créé l'illusion de la sécurité. Et pourtant le bonheur s'adresse à tous, pauvre comme riche. Mais le monde dans lequel nous vivons nous fait penser le contraire. Avoir plus et mieux que l'autre est devenu l'unique but à atteindre. A la question "est-ce bien utile" peu savent répondre. Moi même me pose encore parfois la question lors d'achat impulsifs...
Je me détache donc petit à petit de ce qui me lie au stress, à l'anxiété et à l'angoisse. Ce cheminement est long, d'autant plus long en "autodidactie". La psychothérapie m'a aidé à défaire certains cadenas, briser certaines chaînes, à ouvrir la réflexion sur moi même et à lancer mon introspection.
Le plus dure est de tenir bon car le naturel refait son apparition régulièrement. Ce nouveau mode de pensée doit devenir naturel. L’élasticité du cerveau permet heureusement, et à tout âge, de tisser de nouvelles connexions, de nouveaux automatismes... de faire de moi une nouvelle et meilleure personne...