mercredi 18 novembre 2015

Moi, j'ai rien dit!

Parfois, je me demande si je ne me mens pas à moi même. Alors, pour être au plus proche de mes émotions, de ce que je pense, de ce que je suis, parfois, je laisse mon subconscient répondre à ma place. Pour cela, rien à faire d'autre que de faire tomber les complexes (qui brident la pensée), laisse dire les "qu'en dira-t-on" et se mettre en mode "brute de décoffrage" comme je dis souvent...La vérité qui en découle est d'après moi la plus authentique...
Comme tous les ans, visite médicale de l'entreprise. Je me soumets au questionnaire habituel pour monter mon dossier. Les questions défilent, âge, profession etc. et pour la première fois, on me pose la question suivante : "vos parents sont ils toujours vivants?". Drôle de question?!? Je sens que cette question me touche et quand c'est le cas, quand je suis un peu bousculé émotionnellement, j'ai un peu de mal à réfléchir car je pars dans mes pensées. C'est à ce moment que mon subconscient prend le relais. Il décide donc de répondre "c'est compliqué.... je pense qu'ils sont vivants.... en fait, je sais pas...". Pourtant, je connais la réponse, mes deux parents sont bien vivants! Pourquoi ai-je répondu cela? L'infirmière, perturbée par ma réponse me répond avec un sourire de courtoisie "ok.... je ne vous demanderai pas de détails". Au fond de moi je me réponds "non, c'est mieux... car je n'ai pas la réponse...."
Mes deux parents sont donc bien vivants, l'un ne m'a pas reconnu à la naissance et malgré les retrouvailles ne donne pas de nouvelles, l'autre (ma mère) a décidé de partir à l'autre bout de la France. Au fond de moi je dois prendre cela comme un double abandon, comme la perte de mes deux parents d'où ma réponse à l'infirmière...J'avoue qu'à y penser je sens la colère monter alors qu'au fond de moi j'en veux à personne (peut être suis-je encore à l'instant en train de me mentir à moi même en écrivant cela?). On fait tous des choix, bons et mauvais. J'en ai fait moi même. On a toujours une raison d'agir, même les mauvaises actions sont justifiées par une explication qui paraîtra peut être logique qu'à la personne qui la commet.
Tout ça pour dire qu'il y'a deux façons de penser : une façon édulcorée, dénuée de vérité et de saveur, et une façon bien plus proche de soi. Il n'est pas très difficile de s'en rapprocher, il suffit juste de s'observer répondre ou penser. C'est ce que je nomme le troisième œil, celui qui m'observe et m'analyse comme une troisième personne quand je suis en société, ensuite nous débriefons et passons en revue les moments d'hypocrisies, de mensonges, de lâcheté... Mais nous vivons dans un monde ou ne devons bien paraître, ne pas dire ce qui blesse ce à quoi j'ai de plus en plus de mal à adhérer... Il faut choisir son camps!

lundi 5 octobre 2015

NON!

Je viens de prendre 40 ans et je découvre seulement maintenant le plaisir que procure le fait d'exprimer son mécontentement... Auparavant, soit je ne disais rien, soit je m'exprimais juste pour prouver que je suis là, que j'existe, même parfois à l'encontre de mon propre avis, lors d'une réunion ou d'un repas de famille par exemple.
Et cela pour deux raisons. La première est que je n'aime pas que l'on ne m'aime pas, c'est très enfantin mais pourtant toujours bien ancré au fond de moi (alors que je sais pour l'avoir vécu un paquet de fois qu'il est impossible de plaire à tout le monde malgré tout ce que l'on peut saccager pour cela, sa propre fierté par exemple). La deuxième parce que je n'aimais pas attirer l'attention sur moi, surtout qu'un désaccord amène forcement une justification et souvent un débat dans lequel je dois expliquer le motif de ma désapprobation.
Dernièrement j'ai expérimenté le fait d'exprimer mon mécontentement au lieu de fulminer intérieurement comme j'en avais l'habitude. Je fus donc confronté à un acte qui pourtant me concernant de loin finit par finalement me toucher de près (une histoire d'organisation au niveau de mon travail). Je sens donc la colère monter tout doucement en moi, les processus habituels de ravalement de fierté se mettre en marche, les excuses tout faite se former pour justifier les actes et agissements de cette même personne et ainsi éviter la confrontation. Et là un petit déclic, le genre de d'ouverture d'esprit qui non seulement autorise tout, mais aussi qui se fout complètement de l'avis des autres. J'introduis donc mon opinion d'un simple "NON! désolé, je ne suis pas d'accord avec ce que tu viens de faire". Là petit regard de surprise, l'étonnement, le genre de regard qui dit "oups, va falloir que je m'explique". Finalement, le plus gêné des deux n'est pas moi (contrairement à ce que je pensais) car celui qui doit des explications ce n'est pas moi mais l'autre. S’ensuit donc des balbutiements, voir bégaiements, ce qui finira pour cause de manque d'arguments de sa part par "bon bref, c'est mon avis" significatifs pour moi de victoire.
Ce petit jeu m'ayant donné un peu confiance en moi, je m'y exerce en allant moi même provoquer le débat auprès d'adversaires bien plus coriace (responsables d'agence par exemple). Chaque faille me sert de terrains d’entraînements et ma foi qu'il est bon d'apposer son mécontentement jusqu'à déstabiliser son adversaire! Que j'aime entendre "bon excuses moi je me suis mal exprimé" ou voir la personne regarder le sol pour se laisser un brun de temps à la réflexion supplémentaire. Qu'il est bon aussi de refuser quelque chose en ne tournant pas autour du pot, en donnant la raison réelle et non un motif "arrondi", dépourvu de détails vexant pour ne pas décevoir. Ne dire que la pure vérité sur ce que l'on pense et être accepté, ou pas. Mais peut importe, on ne peut pas plaire à tout le monde, même à sa propre famille...
J'espère ne vraiment pas être tombé dans le jeu du rapport de force du coq dans la basse court mais plutôt dans la démarche existentielle : j'existe et j'ai aussi un avis!
Tout ce que je sais est que je ressens ce besoin d'exister pour ce que je suis et non plus pour ce que les autres aimeraient que je sois.
Tout comme la course à pied me permet de prendre soin de mon corps (qui me le rends sous forme de bien être), l'affirmation de soi me permet de prendre soin de mon esprit et se transforme en confiance en soi.

jeudi 11 juin 2015

Les leçons de vie

Première rencontre avec mon frère, découverte totale. Il m'invite chez lui et me présente à sa famille. Je découvre donc sa femme et ses deux filles. Une des deux, 6 ans, est atteinte de cécité depuis la naissance. Je ne suis pas spécialement à l'aise avec les personnes "différentes", j'ai toujours peur de mal faire, ou d'être maladroit (ce qui s'est d'ailleurs passé mais bon, je pense que ses parents ont l'habitude).
La présentation commence par un "t'es qui toi?", phrase qu'elle s'est appropriée puisque certains, sur le ton de l'humour, la surnomme de la sorte. Je lui explique donc que je suis "son tonton" qu'elle ne connait pas encore. La journée se poursuit et la petite me sollicite souvent pour jouer à ses jeux. Nous commençons un coloriage et elle me dit "je vais faire un dessin avec du violet!"... un peu surpris de l'entendre parler de couleur, je joue donc mon rôle et dessine avec elle, elle toujours très naturel et finalement pas si différente. Elle me prend ensuite la main pour me diriger vers le canapé, toujours dans une mouvance qui ne laisserait pas penser qu'elle ne voit que la pénombre puis me dit toujours aussi naturellement "on regarde la télé?"... là j'avoue être un peu déstabilisé mais je la laisse faire et constate qu'elle tend l'oreille pour "regarder" son dessin animé. Tous ses sens sont en éveil pour combler celui qui ne fonctionne plus. Elle part ensuite jouer dans le jardin à cache-cache avec mes enfants, puis remonte dans sa chambre à l'étage, elle vit simplement comme on le fait tous. Mieux, elle ne se plaint de rien et elle est pleine de vie...
J'ai depuis l'enfance de fortes acouphènes qui parfois m'obsèdent et m'amènent à des états de stress aigu. Cela fait trente ans que ces sifflements et ces bourdonnements accompagnent mes nuits, heureusement la journée le bruit ambiant les couvre, mais le soir, quand le silence se pose, c'est la symphonie disharmonieuse. Suite à la rencontre avec cette petite, je culpabilise désormais de me plaindre intérieurement quand je me dis "foutue sifflement!". Même si l'âge est venu pour moi de porter des lunettes, car je commence à voir flou, je peux lire, contempler, regarder le visage de mes enfants... cela parait pourtant tellement banal mais finalement c'est un privilège.
On se dit trop souvent qu'il y'a toujours mieux, mais il y'a aussi toujours pire. Et ce qui est encore plus surprenant, c'est que ces personnes pour la plupart, croquent la vie! Pendant que nous, nous plaignons ;-)

Illustration : ce que voit ma nièce, juste les fortes sources lumineuses.

vendredi 5 juin 2015

La vie, la mort.... les émotions


Lors d'un week-end, je reçois un appel d'un membre de ma famille pour me dire qu'une de mes tantes, habitant proche de chez moi, ne donne plus de nouvelles. Elle ne décroche plus le téléphone et cela depuis plusieurs jours. Je suis donc missionné pour aller voir ce qui se passe.
Arrivé sur place, je frappe à sa porte, pas de réponse, ne serait-ce qu'une réaction dans la pièce principale de son petit apparemment. J'insiste, toujours rien, je clenche, porte fermée et toujours aucun mouvement. Au début je crois entendre une discussion mais ce n'est finalement que la télévision. Je fais le tour de l'appartement situé au rez-de-chaussée. Tous les volets sont fermés... à l'exception d'un qui tenait juste avec le loquet.Etant fumeuse, elle avait l'habitude de laisser ses fenêtres et volets entre-ouverts pour évacuer les odeurs, ce qui fut le cas ce jour. J'ouvre donc et l'appel d'un simple "t'es là?" Toujours aucune réponse. Ce jour là, il faisait beau et le soleil brillait. Mes yeux peinaient à s'adapter à la pénombre de la pièce qui s'ouvrait à moi.... jusqu'au moment où je vois sur son lit son corps allongé, comme endormi. Toujours sous l'effet de l'éblouissement, je l'appel aveuglément "hé, réveilles toi! hé ho!". Finalement la persistance rétinienne s'estompe, mes yeux s'accoutument à l'obscurité et les détails de la scène s'affinent et se révèlent, je finis par comprendre que le corps gisant est dépourvu de vie. La suite : appel des secours, intervention des pompiers, gendarmes, médecins et enfin pompe funèbres (je passe l'interrogatoire que j'ai subi car mort suspecte et donc enquête ainsi que le comportement (rires et autres blagues) des différents intervenants pour qui ce qui se passe n'est qu'une journée de travail ordinaire... mais je ne leur en veux pas, je les comprends même, c'est juste déroutant).
Cette tante a une histoire, celle d'une petite fille adoptée par mes grands-parents et donc élevée avec moi qui ai passé une grande partie de ma jeunesse chez eux. J'ai beaucoup de souvenirs avec elle et mes enfants l'aimaient beaucoup. J'avais beaucoup de plaisir à l'inviter à mes repas de famille...
Mais alors pourquoi ne suis-je pas plus triste que ça? J'étais perturbé, je m'endormais en pensant à elle et elle apparaissait dans mes rêves, mais aucune larmes ne me venaient.
S'ensuivent les cérémonies funéraires. Effusions de larmes et de tristesses, des adieux très difficiles de part la mise en scène de l’événement, le choix des musiques et des discours, tout était réuni pour la naissance des émotions... d'ailleurs certains craquent inhabituellement (membre de ma famille "à la larme difficile" et même une personne des pompes funèbres qui pleure en cachette!), mais moi toujours rien... je suis attristé bien sure, mais pas effondré, je ressens ce manque qui ne sera plus jamais comblé, comme pour toute longue séparation, mais la page se tourne vite, du moins, je crois, je l'explique comme cela.
Les cendres sont ensuite répandues au jardin des souvenirs de ma commune et cette fois c'est la fin. Son corps et son âme n'existent plus, ce n'est pas un cauchemar, c'est la réalité, ce qu'elle fut n'est plus.
Au jour de cette écriture je suis au lendemain de cet épisode tragique, j'ai pour habitude de tester mes émotions au travers de la musique, malgré la tristesse de celles choisies, je repense à elle avec joie et plaisir, ses petites bêtises d'enfants, ses petites anecdotes, tout ce qui faisait sa vie me revient et me donne du bonheur. D'ailleurs ce matin, je me sens envahi de joie, encore plus déroutant pour quelqu'un qui se demande pourquoi il n'est pas si triste.
Je pense qu'elle aurait préféré cela... je me dis peut être cela pour me rassurer...

Illustration : pendentif que je voyais accroché à son cou pendant mon enfance, il y'a plus de 30 ans... je le conserve en héritage...

jeudi 28 mai 2015

Les petites victoires

Je me rappel d'une histoire raconté par un docteur qui expliquait qu'un de ses patients était stressé à l'idée de se faire ausculter. A chaque visite son stress montait (impossible de relever la valeur correct de sa tension). Une fois, il ressort de la salle en se rendant compte que son anxiété ne l'avait pas submergé. Sur ce il rentre chez lui et reprend le cours de sa vie. Lors de sa visite suivante, il raconte cela au docteur qui lui fait remarquer que cette étape anodine ne l'est pas tant que cela, qu'il faut justement s'en féliciter, y repenser et s'en réjouir!
Nous avons tous tendance à ne penser qu'aux mauvais moments et oublier les bons. C'est un réflexe naturel.
J'essaye également de remédier à cela. Quand il m'arrive d'avoir une crise d'angoisse (incomparable avec celles que j'ai subi il y'a 3 ans, bien plus gérable, plus courte, moins intense, mais quand même!), à chaque fois qu'elle se termine, à chaque fois que j'en sors, je savoure cette petite victoire. Une brique de plus à la muraille. C'est peut être également pour cela qu'après je ressens comme un petit bonheur, celui d'une nouvelle conquête. Un trophée de plus au tableau.
Je pense, je suis persuadé même, que la façon de penser peut changer, durablement. Qu'il suffit de penser essentiellement aux bonnes choses pour égayer un peu son moral. Que les ramifications du cerveau ne sont pas scellées et que nous pouvons en fabriquer d'autres. Ce qui explique également les modifications que peut apporter la méditation sur l'esprit. Que la pensée positive peut changer le sens du vent auquel sous soumis nos émotions.
Je discutais de tout cela avec une psychologue qui disait que les connexions neuronales ne pouvaient pas être supprimées mais que de nouvelles connexions pouvaient se développer pour les contourner. Sous entendu que les automatismes d'activation de l'anxiété, la dépression etc. pouvait donc être rééduqués.
A l'image des enfants bercés dans les compliments qui donneront des adultes sûrs d'eux, l'esprit à besoin d'être mis en valeur pour gagner en confiance. Il faut donc se délecter de nos réussites et étouffer la rengaine obsédante des échecs.

vendredi 15 mai 2015

La vie en noir et blanc

Le bon côté des antidépresseurs (hormis la phase d'adaptation qui est affreuse voir insupportable) est qu'ils aplanissent les émotions. Mais ce bon côté est aussi le mauvais car si ils réduisent l'amplitude des émotions négatives, ils appauvrissent aussi la puissance de celles qui sont positives.
Parfois, dans mes périodes philosophiques, je me dis que finalement, ce médicament me rend banal, me met dans la peau de monsieur tout-le-monde devenant ainsi une personne sans émotions, n'opposant donc finalement aucune résistance à la vie que les dirigeants veulent que nous ayons tous. Car finalement, ces "crises" que je ne peux contenir parfois ne sont rien d'autres que des rejets de ce que le monde moderne nous impose. Inconsciemment je rejette cette façon de gagner ma vie qui fait de nous des fourmis juste bonne à travailler et à se taire voyant les uns et les autres tomber, ou cet quidam qui suit son train-train travail-enfants-dodo. Mais là je psychote sur une improbable machination mondiale...
Dans mon "malheur" j'ai la chance de ne pas prendre de surdose, ce qui fait que parfois, de belles émotions se faufilent et arrivent à traverser les nuages gris. C'est à ce moment que je me rends encore mieux compte à quel point la vie peut être belle. Quand le simple fait de contempler la nature me rend heureux ou de me rendre compte de la chance que j'ai d'avoir cette simple vie (car une vie simple est ce que je veux vivre), cela me remet les pieds sur terre et me permet de mieux m'imprégner de ce privilège que j'ai d'être simplement là où je suis avec ceux qui m'entourent.
Ce médicament aura eu finalement le grand avantage de m'ouvrir les yeux sur les choses réellement importantes. J'ai de moins en moins de besoin, je me nourris de simple chose. L'argent, même si j'en ai besoin et même si cela me rassure d'avoir une petite réserve, n'est plus ma priorité. Pire (ou mieux je ne sais pas encore), je culpabilise à m'acheter ces petites choses qui me donnaient auparavant tant de plaisir (était-ce donc futile?!?). Même si se faire plaisir fait parti des petits objectifs de la vie, cela m'a permit de me réorienter car seules les émotions vraiment puissantes arrivent à surpasser "l’atténuateur-émotionnel" que sont les antidépresseurs. Les émotions parasites ne me parviennent plus, celles qui nous poussent aux achats plaisirs compulsifs (pour accéder à un pseudo bonheur, éphémère donc).Quand je ressens donc de belles émotions, c'est qu'elles sont puissantes, c'est que je suis dans le vrai, c'est que je deviens celui que je veux devenir...

Illustration : issu du film "The giver", film dans lequel les habitants prennent quotidiennement un médicament pour éradiquer toutes émotions permettant ainsi de contrôler ce peuple...

vendredi 24 avril 2015

Rester maitre

Quand je fais les courses avec "ma douce", régulièrement je me rends compte que je la suis à travers les allées, et je sens bien que cela me pose problème. Je suis le mené, je ne décide de rien. Surement par facilité (pratique de ne faire que suivre, pas de choix à faire, rien à assumer, génial pour quelqu'un qui manque de confiance!). Alors, je bifurque légèrement, histoire de me sentir un peu moins en laisse. Je pense même que parfois, je prends des choses dans les rayons juste pour affirmer mon droit de parole et de choix pour la vie de famille.
Dernièrement, je suis entré en contact avec mon frère, ce frère que je ne connais pas encore. Régulièrement, il me demandait "quand allons nous nous rencontrer?" ou encore pour des problèmes informatique "j'ai besoin de toi". Et moi, intimidé je lui répondais "pas pour le moment, je ne suis pas prêt" ou bien "désolé je ne peux pas t'aider". Prêt à quoi? Peur de quoi? je ne sais pas. Mais le fait qu'il prenne les commandes me déstabilisait. Alors, pour voir si le problème est bien là, le fait que je ne contrôle pas les choses, je décide de me lancer. Je l'ai donc invité à nous rencontrer, officiellement pour dépanner son problème, officieusement pour être celui qui décide d'avancer sur ce "dossier". Et j'avoue que finalement, je n'appréhende pas, ou plutôt je n'appréhende plus. Alors que les choses sont toujours les mêmes : deux frères qui ne se connaissent pas et qui se rencontrent pour la première fois et l’éternelle question "vais-je lui plaire ou le décevoir?". De plus, je peux décider de ne pas le revoir si le feeling ne passe pas, et ça aussi m'apaise dans ma démarche. Cela me mettait mal à l'aise pourtant mais le simple fait d'être l'initiateur m'a, étrangement, remis en confiance.
Il en est de même avec mes émotions, quand elles me submergent au point de contrôler mon corps (crises d'angoisses) voir ma vie (scénarios d'évitements pour ne pas affronter mes peurs!) cela me pose énormément de problèmes. Alors je me confronte à ses situations anxiogènes, et souvent je m'aperçois que j'avais maximisé leurs influences sur moi. Et cela les décrédibilise. C'est souvent le cas avec des réunions de travail que j'imagine souvent compliquées ou avec des repas entre amis ou j'imagine que je serai la risée de la bande (je ne sais jamais vraiment pour quelle raison, surement le manque de confiance une fois de plus).
Malgré le fait qu'il est bon de lâcher prise et ne pas se battre contre ses émotions, je pense qu'il faut malgré tout, de temps en temps, nous remettre un peu sur les railles de la vie que l'on a choisi.

Illustration : "de ta vie rester maitre tu dois"

samedi 11 avril 2015

Le poids des responsabilités

Petit à petit, à force de rechutes, je comprends de mieux en mieux mes réactions, mes avis, mes comportements du passé. J'ai toujours eu beaucoup de mal à accepter les engagements à long terme ou les responsabilités importantes. Etant jeune déjà, mon esprit me parlait et je ne l'écoutais pas. Vers l'âge de 8 ans, à la question "Que veux tu faire comme métier quand tu seras grand?" je me rappel avoir répondu "Je veux être clochard"! Une réponse en phase avec cette peur qui me terrasse à nouveau, celle d'être un homme responsable, un père de famille, un employé fiable et efficace... De plus pendant longtemps mon souhait était de vivre sur une île déserte, seul bien sur, là aussi je comprends mieux ce besoin de n'être redevable de rien ni personne.
C'est la raison pour laquelle j'ai eu beaucoup de mal à accepter le mariage synonyme d'engagement pour la vie, l'achat d'une maison avec le crédit immobilier que cela impose, ou les évolutions professionnelles (ayant la "malchance" d'avoir le sens du service je suis vite monté), ou encore d'avoir des enfants. Sur ce dernier point d'ailleurs, je n'ai pleuré que pour mon troisième enfant, chose qui m'a beaucoup surpris vue que je ne suis pas facile à émouvoir. Avec le recule, je pense que ces larmes représentent les gouttes d'eau qui débordent du vase des responsabilités.
Les moments où j'ai craqué sont ceux où mes "charges" étaient à leurs points culminants. La première fois surmenage professionnel et personnel (augmentation de la masse de travail plus naissance de mon troisième enfant) et dernièrement, suite à une réunion où on nous annonce le démarrage de nouveaux projets à grande envergure plus cerise sur le gâteau, un licenciement à prévoir dans quelques années. A cela s'ajoute les retrouvailles de ma famille paternelle et ce foutu besoin de plaire à tout prix!
Je pense que mon manque de confiance a été touché au plus profond, je vais devoir le reconstruire. Je pensais avoir atteint cet objectif mais visiblement, il va falloir que je creuse encore plus profond, que j'apprenne à accepter tout cela, maintenant que ma vie est faite.
Rendez vous chez la psychologue, à suivre...

Illustration : illustration représentative du poids des responsabilités auquel je me crois soumis... à tort bien sur

vendredi 27 mars 2015

La mécanique de l'angoisse

Etant adolescent, j'aimais beaucoup les films d'horreur. Mais parmi toutes les créatures, celles qui me terrifiaient le plus était celles que l'on ne voyait pas, les créatures invisibles où filmées dans l'ombre. En fait, je pense qu'on a surtout peur de l'inconnu, de l'indescriptible, de l'inexplicable...
Pour les angoisses, c'est pareil. Tout le temps que je pensais que c'était de la folie ou une maladie en train de grandir en moi, cette peur alimentait mon angoisse! Après étude du fonctionnement du stress, j'ai fini par comprendre le mécanisme. Une fois les choses claires et précises, elles me faisaient déjà nettement moins peur. C'est d'ailleurs ce que je reproche aux médecins généralistes voir même à certains psychiatres, de ne pas nous expliquer le "principe" de l'angoisse. Pourquoi je ne peux plus me concentrer, pourquoi j'ai mal au ventre, pourquoi je tremble etc... pourquoi je ne suis pas fou!
Tout d'abord, le stress est tout a fait normal et permet même de survivre face à un événement dangereux (accident qui se produit juste devant nous, agression etc.). Il permet de lancer la décharge d’adrénaline produite par les glandes surrénales (personnellement, je ressens bien cette décharge au niveau des reins, et j'ai la sensation que cela remonte par le dos jusqu'à ma nuque) et prépare le corps à l'action en augmentant le rythme cardiaque, contractant les muscles ou encore en accélérant la respiration. Cette première phase est appelé "réaction". Dans un principe de fonctionnement normal, une fois l’événement stressant passé, le corps reprend son activité normal. Mais pour les angoissés (dont je fais parti), l’adrénaline est secrétée régulièrement voir en continu à cause d'angoisses imaginaires, anticipatoires ou encore parfaitement illusoires (le manque de confiance aidant!). Cette phase appelée "résistance" à pour but de produire les sucres et autres substances permettant au corps de nourrir les muscles et le cerveau sur du long terme. Ensuite intervient la phase dite "d'épuisement". Les ressources s'épuisent, la fatigue se fait ressentir, le corps se dérègle, c'est à ce moment qu'apparaissent les réactions propres à chacun : insomnies, crises d'angoisses, dérèglement du système neurovégétatif (tout les fonctions dont nous n'avons pas le contrôle : digestion, battement cardiaque etc..), dérèglement cognitif, de la mémorisation, de la concentration etc...
Tout cela s'explique finalement logiquement, ce n'est pas une maladie, ni de la folie, c'est l'épuisement du corps...


lundi 23 mars 2015

Le mauvais combat

Je me suis battu, j'en ai bien bavé, il y'a eu de bons moments... mais j'en re-bave... je décide de reprendre le traitement... Fin du chapitre un!
Comment suis-je passé du j'en foutiste total (je me rappel d'un commentaire dans mon carnet de note suite à un redoublement qui disait "aucune réaction face à l'échec") à un anxieux total? Les responsabilités grandissantes me dépassent, je n'ai pas les épaules taillées pour? un moment de fatigue intense?
Pendant longtemps je me suis demandé quel symptôme amenait l'autre. C'est à dire : est-ce l'angoisse qui créé la dépression ou la dépression qui créé l'angoisse. Je pense avoir un bout de réponse. La détresse ressentie n'est pas tout à fait la même que lors de la "crise" initiale. Je n'ai pas perdu mon humour, ni mon amour pour tout ce qui m'anime (ma femme, mes enfants, la nature etc...), je prends toujours du plaisir à effectuer mes occupations favorites, ou simplement prendre du temps pour moi bref, je pense être plus anxieux que dépressif. La seule chose qui puisse me rendre triste pour le moment c'est cet état que je ne sais gérer. Le manque de confiance qui me caractérise en est probablement la cause. Peur d'être abandonné par ma femme (la fausse croyance "qui voudrait faire sa vie avec un loser comme moi?" renforce cette peur), peur de perdre mon travail (obligé de vendre la maison, changer de lieu etc...), peur que mon entourage aille mal etc... La liste est longue, trop longue.
Je m'acharne donc à combattre les conséquences et non la cause, j'avais éteint les flammes mais pas les braises. La recette idéale pour une bonne dépression est la suivante : un peu de stress qui dure, laisser mijoter jusqu'à obtenir une angoisse permanente, cela donnera des bonnes crises d'angoisses nocturnes qui, si elles ne sont pas traités, donneront une onctueuse dépression. Pour les plus pressés, saupoudrez d'un peu de fatigue, mal bouffe et autre mauvaises habitudes et le tour est joué. Je m'étais donc affairé à analyser ma dépression, chose très intéressante malgré tout, mais pas à soigner mes angoisses (à part avec la méditation mais rien d'autre avec un psy ou autre thérapeute spécialisé dans ce domaine).
Une nouvelle aventure en perspective...
Je dois prendre confiance en moi, être conscient de ce que je suis, de ce que je vaux. Bon au mauvais mais je dois apprendre à me connaitre. Actuellement, je doute de moi en permanence, à chaque réunion de travail, à chaque choix, à chaque prise de parole etc... je doute.
Je patiente donc le temps qu'agisse le traitement, (deux bonnes semaines mini pour les antidépresseurs) le temps de sortir la tête de l'eau. Prendre un traitement sur le long terme n'est pas un problème si cela me permet d'élever mes enfants dans l'épanouissement et aimer ma femme au plus fort.
Ce blog risque de dévier vers ce thème, je vais continuer à donner des conseils qui ne fonctionnent pas! ;-)

Illustration : belle photo issue de google earth, un brise lame en forme d'épée... un coup d'épée dans l'eau!

lundi 23 février 2015

Les automatismes de pensée

On ne m'a jamais vraiment dit que j'étais bon à rien, et pourtant, j'ai toujours cru cela. J'ai toujours pensé que mes idées, mes actes, mes choix etc étaient mauvais. D'où me venait cette auto-interprétation?
La manque de valorisation y est surement pour quelque chose mais de là à se considérer comme un moins que rien, il doit y avoir une autre explication.
Je pense que l'origine de cela vient du fait que je ne me suis jamais prouvé de quoi j'étais capable et cela a induit un comportement "boule de neige" : je ne fais pas cela parce que je n'y arriverai pas, résultat : je suis mauvais car je ne sais rien faire.
Et c'est bien dommage car nous avons tous, d'après moi, des capacités. La capacité de bien faire, de bien penser, de changer...
Pour s'en apercevoir, il suffit juste de faire sauter cette bride, cet automatisme de pensée qui nous dicte comment nous comporter face à des situations à risques ou de simples choix. J'essaye de faire cela. Parfois ça fonctionne, parfois non.
Parfois, je suis surpris de voir de quoi je suis capable et c'est doublement valorisant : premièrement parce que les choses que j'accomplis sont parfois des petites réussites (ma rigueur et mon perfectionnisme m'y oblige! j'aime parfois ces "défauts"!) et ensuite parce que cela prouve que je me suis trompé sur moi même et donc que les limites de mes possibilités peuvent être infinies! Une illusion de plus qui s'envol et j'aime me tromper...
Mais même l’échec est bénéfique, il permet de mieux se situer, mieux connaitre ses terrains de prédilection et les chemins à ne pas prendre... Mais je pense qu'il est inutile de se lancer dans une tâche perdue d'avance, seules celles où le doute subsistent peuvent être révélatrices.
Comme savoir de quoi nous sommes capable sans expérimenter? De plus l'erreur est en général moins pesante que le bénéfice de la réussite. Au fil des tentatives, notre portrait s'affine, on apprend à se connaitre et les erreurs deviennent de plus en plus rare. A l'image d'un enfant qui apprend à faire du vélo et qui au début tombe beaucoup puis de moins en moins, et enfin plus du tout.


Illustration : les automatismes de pensées nous amènent à penser maladroitement. Par exemple, les deux carrés de la première image sont de la même couleur (il suffit de placer sont doigt sur la ligne du milieu pour s'en apercevoir) mais le cerveau pense que les zones dans l'ombre sont plus claire... . Sur la deuxième image stéréoscopique, on voit apparaître un oiseau (qui y arrivera? ;-)
De la même sorte, le cerveau se fourvoie régulièrement et pense que les erreurs font de nous des imbéciles...

jeudi 29 janvier 2015

La lettre

Cela fait plus d'un an qu'il m'a écrit... j'avais hâte d'en savoir un peu plus sur lui, et pourtant... Un an que j'ai cette lettre, un an que j'imagine une réponse...
Voilà, je me lance... je fais la lettre...
A vrai dire, je ne sais pas quoi lui raconter... je sais même pas quoi lui reprocher. D'ailleurs, j'en veux à personne. Etant jeune, je l'avais un peu haï, puis pardonné, puis oublié. On fait tous des choix et des erreurs...
Je pense que j'avais idéalisé ce personnage qui finalement n'est rien d'autre qu'un inconnu à mes yeux.
Sur sa lettre, il précise qu'il ne tient pas vraiment à me rencontrer donc forcement, petit déception même si finalement, cela m'effrayait un peu et donc cela m'arrange... je finis même par me demander pourquoi je me suis lancé dans cette démarche.
Mais bref... il a fait l'effort de m'écrire suite à ma demande, je dois faire l'effort de lui répondre...
Pourquoi ai-je mis autant de temps à la rédiger? manque d’intérêt ou appréhension? Je sais même pas en fait. Toujours ce besoin de plaire et bien faire les choses, besoin d'écrire une jolie lettre... finalement juste envie de lui dire les choses...
Il avait mis une photo de lui, j'ai donc joint à la lettre quelques photos de nous histoire qu'il connaisse sa descendance. J'ai d'ailleurs appris que j'avais un frère qui avait deux enfants, qu'il aurait essayé de me retrouver il y'a dix ans. Un peu bouleversant de se dire que l'on a de la famille que l'on ne connait pas. La magie d'internet m'a permit de trouver quelques photos de lui, quelques traits de ressemblance, amusant... Bien plus encore, j'ai des tantes et des cousines... elles aussi inconnues... l'une d'elle m'avait dit avoir hâte de me rencontrer. J'ai du mal à comprendre cela, hâte de rencontrer quelqu'un que l'on ne connait pas? Pire, nous vivons tous à quelques kilomètres les uns des autres et cela depuis tout ce temps...

Je ne sais pas dans quoi je m'embarque... toute expérience est d'après moi enrichissante...

Sujet un peu intimiste... à suivre...