jeudi 28 mai 2015

Les petites victoires

Je me rappel d'une histoire raconté par un docteur qui expliquait qu'un de ses patients était stressé à l'idée de se faire ausculter. A chaque visite son stress montait (impossible de relever la valeur correct de sa tension). Une fois, il ressort de la salle en se rendant compte que son anxiété ne l'avait pas submergé. Sur ce il rentre chez lui et reprend le cours de sa vie. Lors de sa visite suivante, il raconte cela au docteur qui lui fait remarquer que cette étape anodine ne l'est pas tant que cela, qu'il faut justement s'en féliciter, y repenser et s'en réjouir!
Nous avons tous tendance à ne penser qu'aux mauvais moments et oublier les bons. C'est un réflexe naturel.
J'essaye également de remédier à cela. Quand il m'arrive d'avoir une crise d'angoisse (incomparable avec celles que j'ai subi il y'a 3 ans, bien plus gérable, plus courte, moins intense, mais quand même!), à chaque fois qu'elle se termine, à chaque fois que j'en sors, je savoure cette petite victoire. Une brique de plus à la muraille. C'est peut être également pour cela qu'après je ressens comme un petit bonheur, celui d'une nouvelle conquête. Un trophée de plus au tableau.
Je pense, je suis persuadé même, que la façon de penser peut changer, durablement. Qu'il suffit de penser essentiellement aux bonnes choses pour égayer un peu son moral. Que les ramifications du cerveau ne sont pas scellées et que nous pouvons en fabriquer d'autres. Ce qui explique également les modifications que peut apporter la méditation sur l'esprit. Que la pensée positive peut changer le sens du vent auquel sous soumis nos émotions.
Je discutais de tout cela avec une psychologue qui disait que les connexions neuronales ne pouvaient pas être supprimées mais que de nouvelles connexions pouvaient se développer pour les contourner. Sous entendu que les automatismes d'activation de l'anxiété, la dépression etc. pouvait donc être rééduqués.
A l'image des enfants bercés dans les compliments qui donneront des adultes sûrs d'eux, l'esprit à besoin d'être mis en valeur pour gagner en confiance. Il faut donc se délecter de nos réussites et étouffer la rengaine obsédante des échecs.

vendredi 15 mai 2015

La vie en noir et blanc

Le bon côté des antidépresseurs (hormis la phase d'adaptation qui est affreuse voir insupportable) est qu'ils aplanissent les émotions. Mais ce bon côté est aussi le mauvais car si ils réduisent l'amplitude des émotions négatives, ils appauvrissent aussi la puissance de celles qui sont positives.
Parfois, dans mes périodes philosophiques, je me dis que finalement, ce médicament me rend banal, me met dans la peau de monsieur tout-le-monde devenant ainsi une personne sans émotions, n'opposant donc finalement aucune résistance à la vie que les dirigeants veulent que nous ayons tous. Car finalement, ces "crises" que je ne peux contenir parfois ne sont rien d'autres que des rejets de ce que le monde moderne nous impose. Inconsciemment je rejette cette façon de gagner ma vie qui fait de nous des fourmis juste bonne à travailler et à se taire voyant les uns et les autres tomber, ou cet quidam qui suit son train-train travail-enfants-dodo. Mais là je psychote sur une improbable machination mondiale...
Dans mon "malheur" j'ai la chance de ne pas prendre de surdose, ce qui fait que parfois, de belles émotions se faufilent et arrivent à traverser les nuages gris. C'est à ce moment que je me rends encore mieux compte à quel point la vie peut être belle. Quand le simple fait de contempler la nature me rend heureux ou de me rendre compte de la chance que j'ai d'avoir cette simple vie (car une vie simple est ce que je veux vivre), cela me remet les pieds sur terre et me permet de mieux m'imprégner de ce privilège que j'ai d'être simplement là où je suis avec ceux qui m'entourent.
Ce médicament aura eu finalement le grand avantage de m'ouvrir les yeux sur les choses réellement importantes. J'ai de moins en moins de besoin, je me nourris de simple chose. L'argent, même si j'en ai besoin et même si cela me rassure d'avoir une petite réserve, n'est plus ma priorité. Pire (ou mieux je ne sais pas encore), je culpabilise à m'acheter ces petites choses qui me donnaient auparavant tant de plaisir (était-ce donc futile?!?). Même si se faire plaisir fait parti des petits objectifs de la vie, cela m'a permit de me réorienter car seules les émotions vraiment puissantes arrivent à surpasser "l’atténuateur-émotionnel" que sont les antidépresseurs. Les émotions parasites ne me parviennent plus, celles qui nous poussent aux achats plaisirs compulsifs (pour accéder à un pseudo bonheur, éphémère donc).Quand je ressens donc de belles émotions, c'est qu'elles sont puissantes, c'est que je suis dans le vrai, c'est que je deviens celui que je veux devenir...

Illustration : issu du film "The giver", film dans lequel les habitants prennent quotidiennement un médicament pour éradiquer toutes émotions permettant ainsi de contrôler ce peuple...