lundi 5 octobre 2015

NON!

Je viens de prendre 40 ans et je découvre seulement maintenant le plaisir que procure le fait d'exprimer son mécontentement... Auparavant, soit je ne disais rien, soit je m'exprimais juste pour prouver que je suis là, que j'existe, même parfois à l'encontre de mon propre avis, lors d'une réunion ou d'un repas de famille par exemple.
Et cela pour deux raisons. La première est que je n'aime pas que l'on ne m'aime pas, c'est très enfantin mais pourtant toujours bien ancré au fond de moi (alors que je sais pour l'avoir vécu un paquet de fois qu'il est impossible de plaire à tout le monde malgré tout ce que l'on peut saccager pour cela, sa propre fierté par exemple). La deuxième parce que je n'aimais pas attirer l'attention sur moi, surtout qu'un désaccord amène forcement une justification et souvent un débat dans lequel je dois expliquer le motif de ma désapprobation.
Dernièrement j'ai expérimenté le fait d'exprimer mon mécontentement au lieu de fulminer intérieurement comme j'en avais l'habitude. Je fus donc confronté à un acte qui pourtant me concernant de loin finit par finalement me toucher de près (une histoire d'organisation au niveau de mon travail). Je sens donc la colère monter tout doucement en moi, les processus habituels de ravalement de fierté se mettre en marche, les excuses tout faite se former pour justifier les actes et agissements de cette même personne et ainsi éviter la confrontation. Et là un petit déclic, le genre de d'ouverture d'esprit qui non seulement autorise tout, mais aussi qui se fout complètement de l'avis des autres. J'introduis donc mon opinion d'un simple "NON! désolé, je ne suis pas d'accord avec ce que tu viens de faire". Là petit regard de surprise, l'étonnement, le genre de regard qui dit "oups, va falloir que je m'explique". Finalement, le plus gêné des deux n'est pas moi (contrairement à ce que je pensais) car celui qui doit des explications ce n'est pas moi mais l'autre. S’ensuit donc des balbutiements, voir bégaiements, ce qui finira pour cause de manque d'arguments de sa part par "bon bref, c'est mon avis" significatifs pour moi de victoire.
Ce petit jeu m'ayant donné un peu confiance en moi, je m'y exerce en allant moi même provoquer le débat auprès d'adversaires bien plus coriace (responsables d'agence par exemple). Chaque faille me sert de terrains d’entraînements et ma foi qu'il est bon d'apposer son mécontentement jusqu'à déstabiliser son adversaire! Que j'aime entendre "bon excuses moi je me suis mal exprimé" ou voir la personne regarder le sol pour se laisser un brun de temps à la réflexion supplémentaire. Qu'il est bon aussi de refuser quelque chose en ne tournant pas autour du pot, en donnant la raison réelle et non un motif "arrondi", dépourvu de détails vexant pour ne pas décevoir. Ne dire que la pure vérité sur ce que l'on pense et être accepté, ou pas. Mais peut importe, on ne peut pas plaire à tout le monde, même à sa propre famille...
J'espère ne vraiment pas être tombé dans le jeu du rapport de force du coq dans la basse court mais plutôt dans la démarche existentielle : j'existe et j'ai aussi un avis!
Tout ce que je sais est que je ressens ce besoin d'exister pour ce que je suis et non plus pour ce que les autres aimeraient que je sois.
Tout comme la course à pied me permet de prendre soin de mon corps (qui me le rends sous forme de bien être), l'affirmation de soi me permet de prendre soin de mon esprit et se transforme en confiance en soi.

1 commentaire:

  1. Bravo, Cédric, c'est un récit qui fait plaisir à entendre !
    Amicalement,
    Catherine

    RépondreSupprimer