37 ans sans père, 37 ans à imaginer le visage du père que je n'ai pas eu. Je ne connais pas son caractère, ni même le son de sa voix.
On pense pouvoir vivre toute une vie avec des questions sans réponses mais le besoin de savoir finit par prendre le dessus.
J'ai donc décidé de retrouver sa trace. Le connaitre pour mieux me connaitre. Mieux comprendre mes traits de caractères. Mon mal être aussi peut être?
Premier contact retrouvé : une de ses sœurs.
Je l'appel, lui laisse un message. Elle me rappel. On se présente et elle commence en me disant "vous n'auriez pas du naître" . Même si je le savais déjà, ça fait toujours drôle à entendre(en effet, ses parents voulaient payer l'avortement).J'apprends donc que j'ai un frère 7 ans plus jeune que moi qui avait essayé de me retrouver il y'a 10 ans. J'apprends également que j'ai 2 nièces et plusieurs cousines. Je lui demande de me parler de mon père qu'elle me décrit comme étant un personnage sanguin (je hais ce trait de caractère) avec qui elle a eu des problèmes "les histoires de familles, vous savez ce que c'est...". J'apprends également qu'il est méticuleux dans tout ce qu'il fait, je comprends donc d'où me vient mon perfectionnisme maladif! On termine la conversation au bout de 20 minutes et elle me précise qu'elle a donné mes coordonnées téléphoniques à mon père. Elle me précise également qu'il ne souhaite pas qu'elle me communique les siennes "car il a besoin de digérer la nouvelle", 37 ans ne suffisent peut être pas...
C'est étrange de se dire que l'on a de la famille que l'on ne connait pas. Que mon père ne représente rien de plus qu'un inconnu que j'ai peut être même déjà croisé dans une rue. Que la mort même de mon père peut ne pas m'émouvoir... Bouleversement d'émotion dans ma tête : ai-je eu tort de remuer tout ce passé? Vais-je plaire ou déplaire? Vais-je décevoir? Vers quoi va aboutir cette aventure?
J'attends donc son appel, tous les soirs. Tous les soirs je me pose la même question : pourquoi met-il autant de temps à décrocher son téléphone? Est-ce si difficile pour lui? Ou bien ne le fait il pas par manque d’intérêt?
Certainement cet homme doit éprouver une énorme culpabilité d'avoir abandonné ainsi son enfant.
RépondreSupprimerEt peut-être, comme beaucoup de personnes ne fera-t-il jamais face à ce sentiment trop douloureux (par manque de force ou de courage ou même de possibilité d'avoir cette force) et ne prendra donc jamais ses responsabilités et se retranchera derrière un apparent manque d'intérêt.
Toi, tu es dans une dynamique différente. Tu fais face à tes responsabilités, avec toutes les difficultés que ça suppose.
Face à ce silence et/ou une quelconque réponse de sa part, tu as le droit d'être en colère, de le mépriser, de le détester, de souffrir même de ce manque cruel de considération.
Dans ce cheminement, on croit dans un premier temps avec une peur atroce que notre souffrance ne sera apaisée qu'en recevant cet amour qui nous a tant manqué et qui ne dépend pas de nous...
En fait, la souffrance est apaisée quand on a fait valoir ou cherché à faire valoir nos droits et notre existence en tant qu'enfant oublié, délaissé, faire valoir tout l'amour que l'on a dans son coeur, aussi, chose que tu as faite par le seul fait de te manifester.
Cette souffrance est apaisée aussi quand on y fait face franchement et qu'on la vit, ce que tu es en train de faire.
Tu as fait valoir ici ton droit d'exister, d'être aimé (commun à tout être humain), ton amour, aussi, peu importe que lui soit capable d'exprimer et de ressentir cet amour en lui (et quelle tristesse pour lui, de ne pouvoir faire face à cet amour...).
Toi, en revanche, tu en es capable, avec toute la souffrance que ça engendre sur le coup et le courage qu'il faut pour la traverser.
Si tu as eu tort de remuer tout ça? Tu en as eu besoin et c'est cela qui compte et tu dois respecter ça.
Bonne chance pour la suite de ton cheminement Cédric!
C'est toujours un plaisir de vous lire Elise... merci pour votre lecture, réponse et considération...
RépondreSupprimerLe manque d'amour de sa part ne sera jamais rattrapé, j'en ai été atrophié dès la naissance et pour toujours. Pour commencer il s'y prend mal vu le temps qu'il met à appeler... je demande juste à le voir... rien de plus pourtant... Il a surement de bonnes raisons.
Bref, à suivre...
Dimanche dernier, fête des pères...
RépondreSupprimerUne journée suffisamment symbolique pour se remettre en question...
Pour appeler son fils...
Bonjour Cédric,
RépondreSupprimervous lire m'a rappelé ce livre qui m'a personnellement beaucoup aidé. "Les parents toxiques" de Suzan Forward. Qu'ils soient absents, morts ou présents, comment mettre en lumière à quel point ils impactent notre vie d'adulte et surtout comment se défaire de ces liens qui nous empoisonnent. Pas de recette miracle mais des éclairages qui permettent d'avancer. Il est facile à lire, sorti en poche il est à moins de 6€.
Bonjour "anonyme du 25 juillet"
RépondreSupprimerEn effet, je pense que ce type de lecture me ferait descendre de mon nuage concernant le retard que peut éventuellement rattraper mon père absent. Il faut que j'arrête d'espérer et que j'essaye de me "blinder"...
Merci pour ce livre.