Mes états d'âme m'emportent vers le sentiment de culpabilité.
Je rumine cette dispute tout le lendemain.
Puis je conclue que j'ai été excessif, dans la démesure concernant la sentence.
Le soir venu, je décide d'aller voir mon fils pour lui présenter mes excuses : "il faut que je te dise, j'ai été un peu méchant avec toi hier soir, j'étais fâché contre toi mais je n'aurais pas du te disputer comme ça". Mon fils, très émotif, commence à avoir les larmes aux yeux. Comme à son habitude, il mime la fatigue en baillant et en se frottant les yeux surement dans l'espoir que je ne m'aperçoive pas de son émotion. Je suis moi même très ému de voir que ça le touche. Je continue "je ne recommencerai pas, je m'excuse, je suis désolé... pardon". Cette fois, j'applique le traditionnel câlin du soir avec la plus grande tendresse. Il me répond rapidement pour ne pas entendre le son de sa voix vaciller "c'est rien"... A ce moment je me sens un peu étrange car les rôles sont inversés, un père qui demande pardon à son fils et le fils qui pardonne.
C'est fou comme un simple pardon peu apaiser. C'est comme un poids, celui de la culpabilité, qui nous est retiré. "Faute avouée est à moitié pardonnée" dit le proverbe, c'est vrai et même mieux que pardonnée : "digérée". Fin de la boucle interminable qu'est la rumination, fin de la colère, fin de la rancœur. Alors pourquoi est-ce si dure de dire "pardon" alors que c'est si bénéfique? J'ai jamais eu de mal à accepter mes torts mais toujours eu des difficultés à les dires. Les choses ont changées...
Illustration : Calimero qui demande pardon ;-)
Bonjour Cédric
RépondreSupprimerC'est délicat de te répondre. Tu fais tellement les choses avec une recherche de bienveillance admirable que j'en ai parfois peur de te blesser, connaissant maintenant ta délicatesse...
Oui, je trouve admirable ta capacité à réfléchir sur tes actions et tes émotions... à te remettre en question. Mais ce serait dommage que tes émotions prennent le pas et te fassent souffrir...Ici par exemple je pense que ta culpabilité était telle qu'elle t'a dicté une attitude peut-être un peu excessive aussi dans l'autre sens. Je veux dire que c'est normal aussi quand on est père de rouspéter sur ses enfants et de se mettre un peu en colère, rien de grave à cela. Aller parler le lendemain à son fils comme tu l'as fait, ça me semble très bien, mais ta 1ère phrase aurait suffi à mon avis. Lui dire que tu ne recommenceras plus, ça me paraît un peu trop : d'abord tu n'es pas certain de ne plus recommencer, ensuite je pense à lui, le petit, ça peut le mettre mal à l'aise ce pardon de son papa. Il sait au fond de lui que "tu es là pour rouspéter", en quelque sorte, c'est ton rôle de père, et je suis certaine qu'il l'accepte et même qu'il le recherche (en désobéissant et en cherchant la sanction comme il a fait) parce que c'est pour lui dans l'ordre des choses, tout simplement.
Donc, pas de culpabilité excessive à avoir, juste peut-être le constat que "tu y es allé un peu fort", constat que tu te fais à toi-même, sans en exagérer l'impact ou les conséquences sur ton enfant. Je ne suis pas certaine que ce soit à ton enfant à t'accorder le pardon, mais peut-être plutôt à toi-même, de toi à toi, je ne sais pas si tu vois ce que je veux dire...Démarche personnelle très difficile mais nécessaire pour atteindre le véritable pardon, celui qui vient de l'intérieur et non de l' extérieur, celui qui apaise vraiment...
Bien à toi, Cédric
(tu sais, je me reconnais en toi, sur certains points je suis, ou j'ai été, la même que toi ! on est bien tous pareils...)
Bonjour Cathou
SupprimerMon principale problème est que je n'aime pas décevoir. Et parfois, cela me pousse à agir maladroitement et dans l'excès.... comme surement là, avec mon fils.
Je m'en voulais tellement qu'il m’était presque nécessaire d'avoir son pardon.
Je suis gouverné par mes émotions... j'essaye de devenir autonome par rapport à cela mais le naturel revient..
Merci pour ton commentaire... et n'hésite pas à "me blesser" comme tu dis, si j'écris ce blog c'est aussi pour me confronter à mes erreurs. Ces erreurs me font avancer...
Bye
Mais je ne crois pas que tu aies déçu ton fils. C'est toi qui penses que tu l'as déçu, et qui veut réparer ta "faute". Dans la tête de ton fils c'est peut-être complètement différent...
SupprimerOh non, je ne veux pas te blesser, ni te confronter à tes "erreurs" non plus. Qui je serais pour agir ainsi ? Je t'apporte un éclairage extérieur, un autre point de vue. Je ne parle pas d'"erreur", en tout cas ce n'est pas comme ça que je le conçois..
Bonjour Cédric,
RépondreSupprimerLe pardon, celui que tu écris dans ton billet, est nécessaire, il me semble. Et juste. J'ai lu les commentaires de Cathou et je comprends son positionnement, mais je ne peux que te répondre avec mon vécu et ma fonction de psy aussi.
J'ai vu tant de familles qui se perdaient dans des spirales de ressentiments et d'incompréhension, parce que précisément personne ne se demandait pardon.
Les parents, souvent, croient que demander pardon à ses enfants est dommageable et ne doit pas se faire.
A mon sens, les parents pardonnent et demandent pardon
Les enfants demandent pardon et pardonnent.
A ton avis, pourquoi est ce si difficile de pardonner à ses parents quand on est devenu adulte? Parce que c'est difficile de pardonner à ceux qui n'ont jamais demandé pardon. Il y a deux choses à distinguer: les règles de vie à la maison, qui doivent être respectées par chacun et qui entraînent des conséquences négatives si elles sont piétinées. Car c'est ainsi que l'on apprend à nos enfants à vivre au sein de la société, en respectant les règles de la communauté. La deuxième chose à distinguer c'est précisément la conséquence négative: non pas une réaction de colère du parent, avec gestes et paroles blessantes, mais une conséquence négative, type suppression d'un plaisir ( ne pas acheter le magazine préféré si la situation se répète plus de trois fois par exemple..) Le câlin du soir, n'entre pas dans cette case. Que l'enfant joue sur l'affectif, c'est normal, c'est de son âge. Chaque conflit qui a lieu dans la journée entre toi et ton enfant doit être résolu avant son endormissement, sinon, tu risques d'attaquer son sentiment de sécurité intérieure et son estime de soi. Ce n'est pas bon que l'enfant s'endorme en croyant qu'il a perdu l'amour de son père, puisque celui-ci ne veut plus lui faire de câlin. C'est bien que tu sois revenu dessus le lendemain. Tu as restauré cela et tu lui as montré et donc appris, que les adultes pouvaient aussi commettre des erreurs de comportement, et l'admettre. Et je pense que si ce pardon était si émouvant pour vous deux, c'est sans doute qu'il dépassait le simple événement de la veille. Il a du réparer énormément de choses entre vous.
Moi aussi, malgré mon métier, ma pratique, je perds aussi patience et je dépasse les bornes. Systématiquement, je reviens dessus et je m'excuse de mon comportement. ça ne remet pas en cause la règle, mais ça montre qu'on est nous aussi des êtres humains. Je lui dis par exemple: "ce que tu as fait, ça, ce n'était pas bien et ça m'a mis en colère. Maintenant, de mon côté, je n'aurais pas dû réagir comme ça. Je veux bien faire des efforts pour me fâcher moins fort, mais de ton côté, tu dois aussi faire des efforts pour respecter les règles, pour calmer ton excitation, ... " J'ai mis en place un système de tableau à la maison et ça marche bien. Je te l'expliquerais si ça t'intéresse. Bravo à toi, en tout cas. Et tu sais, mon mari, qui au départ rouspétait contre l'idée de s'excuser quand il dépasse les bornes, parce que, ben, on n'a pas été élevé comme ça..., maintenant le fait aussi. Et contrairement à ce qu'on croit, les enfants en sont que plus motivés à bien faire, car tout ce qui compte pour eux, c'est notre amour.
Bises, Cédric et désolée pour la longueur du com...
Bonjour Ameline
SupprimerJ'ai aussi mis en place ce système de tableau. Les belles actions comme les mauvaises sont marquées d'une croix. A la fin de la semaine, on fait le décompte et en fonction, il y'a une petite récompense (ou pas). Oui, je sais, c'est une forme de chantage mais un chantage qui ne me semble pas malsain car cela leur apprend que quand on est sage, respectueux, aidant etc, on a un retour positif, et quand on n'a pas été sage, embêtant, bagarreur, vulgaire etc, il y'a des conséquences négatives, comme dans la "vie de grand", leur "vie de plus tard"...
Bises et ne t'excuse pas de tes longs commentaires car il me sont toujours instructifs!
Coucou Ameline et Cédric
RépondreSupprimerJe trouve la réponse d'Ameline très intéressante et très différente de la mienne. C'est intéressant quand les points de vues sont différents aussi : ça me fait réfléchir sur ma propre façon de voir les choses.
Moi je suis probablement d'une génération qui parle moins, je m'en aperçois. Par exemple il n'y a rien qui m'énerve plus que certaines effusions d'amour ou de pardon qui me font penser à la télé-réalité ou à la société américaine. Pour moi c'est facile et peu productif de véritables changements et cheminement intérieur. Mais entre ces effusions dont je parle, et la parole salvatrice, bien accompagnée, chez un psy par exemple, il y a certainement une demi-mesure que je ne saisis pas toujours, il est vrai.
Christophe André disait l'autre jour sur une onde qu'il en avait marre qu'on psychologise tout, je le rejoins assez souvent. Je trouve aussi que notre société n'est pas assez économe en mots bien souvent.
On est passés, en quelques générations, d'un silence plein de tabous et de non-dits à une parole exagérée, à mon avis...
Comme Stéphanie je fais de moins en moins confiance aux mots...
Allez, bonne journée à vous 2 et merci pour cette réflexion que vous avez engendrée...
Ah, petite anecdote que j'ai trouvée amusante :
RépondreSupprimerL'autre jour, à la radio encore, il y avait un psy (je crois que c'était M. Rufo) qui disait que le souci des parents de maintenant, c'est qu'ils voulaient exceller en matière de parentalité, et donc qu'ils étaient paradoxalement "trop" compréhensifs, "trop" à l'écoute, etc, alors qu'il faudrait se contenter d'une note très moyenne, un 12 sur 20 par exemple, pour éduquer ses enfants....
On aime ou on n'aime pas cette idée, mais elle est amusante et surprenante !
Cédric, ton blog devient aujourd'hui un lieu de débat d'idées et d'échanges !
héhé, c'est aussi le but!
Supprimerj'ai des amis qui, à force de trop bien vouloir faire, "aseptisent" un peu trop leurs enfants, les "empêchent" de se tromper, leur tiennent un peu trop la main pour les guider. Résultat, ils sont en stress total dans des situations nouvelles (sans leurs parents pour leur montrer le chemin), font des crises d'angoisse (à 12 ans!), pleurent dès que leurs notes sont en dessous de 10/10...
En effet, il serait bon d'accepter les erreurs, les nôtres et celles des autres... de lâcher prise sur notre vision du modèle d'éducation...
Merci en tout cas pour ta franchise sur ton précédent comm... les points de vue divergent et c'est aussi dans ce cas que les débats deviennent intéressant...
A bientôt.
Mon petit grain de sel pourrait être que quand on est au plus juste avec soi, on l'est aussi avec les autres.
RépondreSupprimerPar juste, j'entends en accord avec tout se qui se passe en nous, c'est à dire quand nos émotions parlent à notre pensée et que nos pensées parlent à nos émotions. Il y a là une sorte d'harmonie intérieure à chercher. Un vrai boulot de tous les jours!
Je crois qu'il faut aussi laisser une place à la spontanéité. Si on se gourre, c'est pas dramatique.
La phrase qui m'a le plus aidée à ma place de parents a été: "il n'y a rien de pire que des mères parfaites!".
J'avais entendu Françoise Dolto dire ça sur les ondes, bien avant que je n'aies des enfants. Souvent je me suis remerciée de ne jamais l'avoir oubliée. J'ai fait ce que j'ai pu avec ce que j'étais.
Quand mes enfants avaient une dizaine d'années, j'avais un dentiste super. Une fois, je lui demande à quel âge les enfants se lavent les dents sans qu'on ait besoin de râler. Il me répond: "après le bac". Venant de sa part, j'ai éclaté de rire et je me suis dit: "bon, ok, on passe tous par là! Même les pros!". Comme quoi parfois un bon dentiste vaut parfois mieux que tous les manuels d'éducation parentale.
Bonjour Claire
SupprimerL'harmonie dont tu parles, cet équilibre, c'est désormais le travail que je mène... Mais j'ai parfois l'impression de ne pas être prédisposé à cela quand je vois la profondeur des réflexions que vous avez toutes (déjà, je suis un homme, moins sensible je pense à ce genre de chose, à ce genre de réflexion... en espérant me tromper et me prouver le contraire!).
Concernant Dolto, je l'avais entendu dire quelque chose du genre "il ne faut pas essayer d’être les parents les plus parfait, il faut essayer d’être les parents les moins imparfait". Les erreurs sont permises, il faut juste faire de son mieux pour en faire le moins possible...
Coucou Cédric,
Supprimerne te poses pas trop de questions sur tes capacités ou non à atteindre ton harmonie intérieure.
Tu sais, pour ma part, j'ai juste quelques heures de vol de plus que quoi ... Ce n'est pas une question de prédisposition, mais plutôt une quête. Et elle n'est pas oestrogénodépendante! Ça j'en suis sûre. Je connais beaucoup d'hommes dans ces quêtes là. Donc, là, je te l'affirme tu te trompes sur ton analyse homme/femme.
On en reparle dans 20 ans?
:-)
Re Coucou,
RépondreSupprimerJe suis contente qu'il y ait des réactions.
En fait, Cathou, ce que tu dis, je suis d'accord avec! :)
Et à mon sens, demander pardon à son enfant c'est montrer que nous ne sommes pas des parents parfaits et que nous l'assumons. Comme souvent, je dis chez moi, on se pardonne et on passe à autre chose... On ne se prend pas la tête sur des disputes, des conflits, les tempêtes arrivent et passent...
Peut-être ai je le pardon facilité... c'est aussi mon bagage culturel et religieux.
Enfin, viser la perfection en matière de parentalité, c'est foncer dans le mur. ça c'est sûr :))
Nos enfants se construisent aussi au travers de nos travers et de nos failles, mais c'est comme tout, dans une juste mesure.
L'équilibre est une clé qui ouvre bien des portes.
Equilibre émotionnel, équilibre dans ses choix de vie,...
J'ai longtemps lutté contre ma colère. En vain. Maintenant, je lui laisse sa place dans mes ressentis, je l'écoute. Ce qu'elle me dit m'intéresse, et je sens que plus je m'intéresse à elle, plus elle se dispense d'exploser. Je sais, c'est un peu étrange ce que je raconte, et je m'éloigne du côté psy. Mais c'est un fait. J'ai compris que j'adorais mes émotions. Toutes mes émotions. Et les ressentir m'émerveille. Mon positionnement a donc changé. Est ce mieux? Je ne peux pas encore le dire. Mais c'est sûr, mon rapport à mes émotions s'en trouve transformé.
Claire, c'est vrai que l'harmonie intérieure est un sacré boulot de tous les jours. Je crois que c'est même le boulot de toute une vie. C'est une belle valeur, un cap qui attire en tout cas.
Portez-vous bien chers tous,
A bientôt.
Ce que tu expliques concernant ta colère est aussi un des enseignements de la méditation : accepter tout (la colère, la tristesse...) et écouter ses émotions sans s'y engouffrer.
SupprimerJe pense que (même si ce billet ne le prouve pas mais ce que j'y raconte est heureusement rare) j'ai appris également à ne plus suivre ma colère là où elle veut m'emporter mais j'ai surtout appris à l'accueillir sans l'alimenter et lui laisser prendre "les commandes".
Bye
Il est mignon ton com ... Il m ' est arrivé de m'excuser aussi ...
RépondreSupprimerLes enfants demandent de la disponibilité mentale . Métier de parents , parentalité ... On apprend tous sur le tas .
Bon we !
Pardon , erreur de fin de journée :
SupprimerIl est mignon ton "billet . "
Content de voir autant de commentaire sur votre blog.
RépondreSupprimerCela me fait plaisir…
@+ yannick.